L'islam politique pleure Mohamed Morsi

Décédé après un malaise au tribunal le 17 juin, Mohamed Morsi a été enterré le lendemain au Caire sous haute surveillance et dans la plus grande discrétion. Les islamistes saluent un “martyr”, du Maroc à la Turquie.

Par

AFP

La mort du “premier président égyptien élu démocratiquement” a laissé des traces. Le décès le 17 juin de Mohamed Morsi, en plein procès, a déclenché une vague d’émotion chez les islamistes, du président turc Recep Tayyip Erdogan au chef marocain Mouvement de l’unicité et de la réforme (MUR), Ahmed Raissouni. Tous saluent un “martyr”.

En Égypte, l’événement a été relaté de façon minimale. L’enterrement s’est déroulé dans la nuit, sous haute surveillance au quartier Medinat Nasr dans l’Est du Caire. Les journalistes n’ont pas pu avoir accès au cimetière, à quelques mètres la place Rabia-El-Adaouïa, tristement célèbre pour le massacre de plus de 800 partisans de Morsi en 2013 par les forces de l’ordre.

Certains médias locaux n’ont pas pris la peine de mentionner le statut de Morsi, ancien chef de l’Etat (2012-2013). Néanmoins, des ONG internationales réclament qu’une enquête “indépendante” soit ouverte sur la mort du président destitué en juillet 2013 par Abdel Fattah al-Sissi, autoproclamé président, alors qu’à l’époque il était le commandant en chef de l’armée.

Réaction immédiate des islamistes marocains

L’un des premiers à réagir au décès de Morsi a été Ahmed Raissouni, figure emblématique du PJD, et l’un des fondateurs du MUR (Mouvement de l’unicité et de la réforme, la matrice idéologique du parti à la lampe). Dans un article publié sur son site internet intitulé “Le martyr Mohamed Morsi… Tous l’ont tué”, le président de l’Union internationale des Oulémas a pointé du doigt le régime égyptien comme principal responsable de la mort de Mohamed Morsi. Raissouni a qualifié les membres du gouvernement égyptien de “traîtres et assassins” et “de honte pour les arabes, les musulmans et l’humanité”, tout en taclant au passage les familles au pouvoir aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Dans un communiqué, le MUR a également exprimé sa tristesse. La matrice idéologique du PJD considère que l’ancien président égyptien “défendait la justice et la légitimité en luttant contre la tyrannie et l’injustice”. Le communiqué déplore aussi “la perte de l’une des grandes figures de la prédication et de l’action islamique”.

Sur son site, le PJD exprime aussi  “sa profonde tristesse suite à ce décès implorant le tout puissant de lui accorder sa miséricorde et de la patience pour sa famille et ses proches”.

La Turquie émue, comme son président

En Turquie, des milliers de personnes ont répondu à l’appel du président Erdogan en participant à une prière collective à la mémoire de Mohamed Morsi à Istanbul.

Au coeur de la mosquée d’Istanbul, Erdogan et d’autres responsables turcs ont pris part en rangs serrés avec d’autres fidèles à la prière dans la mosquée historique Fatih à Istanbul, selon un photographe de l’AFP sur place. Erdogan avait accusé les “tyrans” au pouvoir en Egypte d’être responsables de la mort du “martyr”, une allusion au président Abdel Fattah al-Sissi.

Je ne crois aucunement qu’il s’agit d’une mort normale”, a déclaré le président turc lors d’une courte allocution après la prière mardi. Il s’en est également pris aux dirigeants des pays de l’Union européenne pour avoir accepté, en février, de rencontrer, lors d’un sommet en Egypte en février, “cet assassin, ce tyran de Sissi”.

Ce mercredi, lors d’un meeting électoral à Istanbul, Erdogan a déclaré que “dans le tribunal, il (Morsi, NDLR) s’est tordu sur le sol pendant vingt minutes. Les autorités n’ont rien fait pour lui venir en aide. Il a été tué et n’est pas mort de causes naturelles”.

La mort de Mohamed Morsi a également touché l’émir du Qatar. Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani a exprimé sa “profonde tristesse”, alors que l’Iran a officiellement regretté “une mort malheureuse”.