Levée de boucliers contre l'interdiction des activités extra-universitaires dans les facultés

Depuis sa diffusion le 3 mai, la circulaire du ministère de l'Enseignant supérieur interdisant l’organisation d’activités au sein des universités par des personnes ou organisations étrangères aux établissements soulève une vive polémique. Al Adl wal Ihssane, l’OMDH ou encore des députés PJD appellent à son retrait.

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La circulaire du ministère de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur interdisant l’organisation d’activités au sein des universités par des personnes étrangères aux entités universitaires, continue de faire réagir. Al Adl Wal Ihssan (AWI) rejette cette décision et appelle le ministère à retirer la circulaire qui « empiète sur l’indépendance de l’université et les pouvoirs de ses institutions » peut-on lire dans un communiqué daté du 7 mai.

Selon la Jamâa, la décision du département de Said Amzazi est « contraire » à la loi 00-01 portant sur l’organisation de l’enseignement supérieur. AWI invoque le premier alinéa de l’article 4 de cette loi qui dispose que « les universités sont créées par la loi conformément à l’article 46 de la Constitution. Elles sont des établissements publics dotés de la personnalité morale et de l’autonomie administrative et financière ». Ainsi que l’article 5 qui indique que « dans le cadre de l’exercice des missions qui leur sont imparties, les universités jouissent de l’autonomie pédagogique, scientifique et culturelle, sous réserve des dispositions de la présente loi ».

En début de semaine, l’organisation marocaine des droits humains (OMDH) faisait valoir les mêmes arguments réglementaires que la Jamâa pour condamner la décision du ministère. L’association a ainsi appelé Said Amzazi à retirer cette circulaire « afin de préserver les acquis et de maintenir l’ouverture nécessaire à toutes les composantes de la société et des partenariats sont établis avec les universités provenant d’institutions internationales, internationales, régionales et nationales, ainsi qu’avec des organisations de la société civile et le secteur privé » rapporte Al Yaoum24.

Des députés PJD se sont aussi saisis de l’affaire en envoyant des questions orales au ministre de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur. L’un d’entre eux, Mohamed Al Amri a publié le 4 mai sa question sur son profil Facebook. Il y explique que « cette circulaire a suscité la colère dans les rangs des étudiants et universitaires, car elle a un impact négatif sur les activités culturelles au sein des universités ».

Alors que le ministère invoquait la lutte contre la violence pour justifier sa décision, le député rétorque que « la lutte contre la violence nécessite une approche différente fondée sur la diffusion de la culture du dialogue, des valeurs de tolérance et d’acceptation de l’autre ».   

Face aux remous, le ministère a apporté des précisions sur cette décision pour « éclairer l’opinion publique ». Dans un communiqué diffusé le 4 mai, le département de Said Amzazi affirme que « la liberté académique et culturelle au sein des universités est la fondation de la créativité intellectuelle ». Et ajoute : « Le ministère tient à préciser que certaines personnes tentent depuis un moment d’exploiter cette liberté afin de créer la zizanie au sein de l’espace universitaire en répandant des idées contraires aux principes de différences et valeurs démocratiques. Ce qui n’a pas manqué de soulever des polémiques médiatiques et des confrontations entre étudiants ».   

Selon la même source, le but de cette circulaire est « de redonner de la considération » aux initiatives des enseignants chercheurs et des étudiants. Le ministère conclut « qu’il ne permettrait pas l’exploitation de la tolérance des directions universitaires et des étudiants afin de semer la violence et la xénophobie culturelle et intellectuelle ».

Il est à rappeler que le 3 mai, le ministère de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur a envoyé une circulaire aux présidents des différentes universités du royaume les informant de la décision d’interdire les activités organisées au sein des campus universitaires par des personnes ou organisations étrangères à leurs établissements. Les activités scientifiques doivent, pour leur part, être approuvées par les présidents des universités rapportent plusieurs sites d’information. La décision du département de Said Amzazi serait liée à de récents incidents de violences au sein de différentes facultés. Contacté par TelQuel, le ministère n’a pas donné suite à nos sollicitations.