Ce qu'il faut retenir des nouveaux rebondissements dans la polémique des pensions de Benkirane

Des documents, dont un dahir royal, ayant fuité dans deux médias arabophones ont ravivé la polémique autour de la pension de retraite de l'ex-chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane.

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Abdelilah Benkirane © Yassine Toumi

Le quotidien Al Akhbar et le site d’information Barlamane.com ont publié, ce dimanche 10 février, des documents censés prouver que l’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, bénéficie non pas d’une, mais de deux pensions de retraite. Les documents sont, selon les deux médias, un dahir daté du 1er décembre 2018, signé par le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, et une lettre envoyée par Saâdeddine El Othmani à Mohamed Benabdelkader,  le ministre délégué chargé de la Réforme de l’administration et de la Fonction publique.

Le premier article du dahir porte sur l’attribution d’une « retraite exceptionnelle s’élevant à 70.000 dirhams nets », alors que l’article 2 précise qu’il s’agit d’une « pension complémentaire à la pension civile » dont jouirait Benkirane. Il est également mentionné que les dispositions du dahir sont appliquées avec effet rétroactif au 16 mars 2017. Al Akhbar estime ce rappel à 1,4 million de dirhams. La missive attribuée au chef du gouvernement ordonne au ministre de la Fonction publique de « prendre les mesures nécessaires pour exécuter la consigne royale ».

Crédit : Barlamane.com

Quelques heures après les diffusions de ces documents dont les signataires ne se sont toujours pas exprimés sur l’affaire, Abdelilah Benkirane s’est fendu d’un communiqué sur la page personnelle de son assistant, Farid Titi. « Certains médias avancent que je perçois deux pensions, une exceptionnelle et l’autre civile complémentaire. A ce titre, je tiens à déclarer que l’information est mensongère », peut-on y lire. Abdelilah Benkirane y appelle également le chef du gouvernement et le président de la Cour des comptes « à lever le voile sur cette affaire », tout en se réservant le droit de recourir à la justice.

Ce communiqué a été suivi d’un live Facebook, dans lequel Benkirane s’attaque aux « menteurs qui se sont trahis en publiant ces informations ». En utilisant le terme « menteurs », Abdelilah Benkirane s’adresse notamment à Rachid Niny, directeur de publication d’Al Akhbar, et au militant amazigh Ahmed Assid. « Tantôt ils avancent que je touche 130.000 dirhams, tantôt 90.000 dirhams, et puis aujourd’hui ils parlent de 70.000 dirhams », s’est-il moqué lors de son intervention de 10 minutes. Benkirane affirme ne toucher qu’une seule pension de retraite, celle qui lui a été accordée par le roi. « Ils n’ont qu’à venir avec leurs preuves », a-t-il lâché sans dissimuler son énervement.

Mi-janvier, lors d’une intervention devant les membres du PJD résidant à l’étranger, Abdelilah Benkirane avait déclaré qu’il avait bénéficié d’une pension de retraite exceptionnelle, comme ce fut le cas pour l’ex-Premier ministre Abderrahmane Youssoufi. Il avait également expliqué que sa situation financière n’était pas fameuse au moment de son départ du gouvernement. C’était le point de départ d’une polémique alimentée par les révélations de médias arabophones sur les émoluments de l’ancien chef du gouvernement, ses supposés biens immobiliers ou encore une voiture de luxe qui lui aurait été offerte par le roi. Interrogé par Telquel Arabi, il avait affirmé : « Je n’ai rien demandé, c’était la volonté du roi ».