Paul Kagame, homme africain de l’année selon Forbes

Élu homme africain de l'année par Forbes, Paul Kagame, président du Rwanda, a effacé le souvenir d’un génocide ravageur pour faire de son pays l'une des puissances émergentes du continent.

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Le célèbre magazine économique américain Forbes a attribué à Paul Kagame, président du Rwanda depuis 2000, le titre d’Homme africain de l’année. Sous son impulsion, le Rwanda connait l’une des émergences les plus spectaculaires d’Afrique. Un continent où le président rwandais devrait bien laisser son empreinte après avoir initié une réforme d’envergure de l’Union africaine.

L’essor économique des milles collines

Après un génocide qui a coûté un million de vies au pays dans les années 1990, le Rwanda a rattrapé un retard qui pouvait paraître infranchissable, grâce à d’importants investissements dans l’éducation, l’entrepreneuriat, la santé et la reconstruction citoyenne. Résultat: le Rwanda connaît depuis une dizaine d’années un essor économique ininterrompu.

Fort d’un PIB multiplié par 5 depuis 20 ans et d’une croissance annuelle 2017-2018 de 8.9%, la «Suisse de l’Afrique» s’érige en véritable modèle pour les autres pays africains. Selon le dernier rapport du Programme de Développement des Nations Unies (PNUD), le Rwanda est le pays qui aura gagné le plus de places dans l’indice de développement humain au cours des 25 dernières années. Alors que l’espérance de vie n’était que de 32 ans dans les années 90, celle-ci est passée à 69 ans en 2018. En outre, le niveau d’instruction y est un des plus élevés du continent avec un taux de fréquentation scolaire de 98%.

Misant sur le leadership de Kagame, de nombreux acteurs internationaux, tels la Banque Mondiale et la Banque Européenne de développement, sont venus en aide au pays pour accompagner son processus de reconstruction. A titre d’exemple, le 4 décembre dernier, la Banque Mondiale a investi  125 millions de dollars dans le domaine des énergies. Objectif : accélérer l’électrification du pays qui est passée de 9 à 42 % entre 2009 et 2018.

Fervent adepte des nouvelles technologies, Kagame a très fortement digitalisé l’économie rwandaise dans le but, notamment, de lutter contre une corruption endémique. Sa vision 2020, axée sur un investissement massif dans les infrastructures numériques, a ainsi permis à la 4G de couvrir 95% du territoire.

Réformateur africain

Si Paul Kagame est connu pour avoir réformé son pays, il l’est également pour le chantier qu’il est en train de mener au sein de l’Union africaine. Soutenu notamment par le Maroc, ce projet a été initié en 2016 lorsque l’institution panafricaine a confié au président rwandais le remaniement d’une organisation jugée inefficace et dépendante des donateurs.

Adoptée en partie par les responsables africains, la réforme permettra de réduire à huit le nombre de commissions au sein de l’UA à compter du début d’année en 2021. La réforme de l’UA devrait également consacrer la parité puisqu’un homme désigné président de commission devra toujours être accompagné d’un vice-président issu de la gent féminine, et vice-versa.

Elle prévoit également de renforcer la responsabilité du président de la Commission de l’UA devant les chefs d’Etats de l’Union. Le successeur de Moussa Faki Mahamat à ce poste devra d’ailleurs effectuer un véritable parcours du combattant avant d’accéder à la fonction : «CV en ligne, profession de foi, débat télévisé, si possible diffusé sur les télévisions nationales, et grand oral final face aux dirigeants», indique RFI.

Devant les chefs d’Etats africains, le président de la Commission devra également dresser des objectifs précis chaque année et rendre compte de leur avancée sachant que les chefs d’Etat pourront désormais relever de leurs fonctions les responsables de l’administration panafricaine. Autant de réformes, que le président rwandais devrait continuer à pousser en tant que membre de la troïka de l’Union africaine (composée du président en exercice de l’UA, de son prédécesseur et de son successeur) lorsqu’il confiera les rênes de l’organisation panafricaine au président égyptien Abdelfattah Al Sissi en début d’année 2019.