Après deux jours d’intenses discussions à Marrakech, à l’occasion de l’organisation de la Conférence intergouvernementale pour l’adoption du pacte mondiale pour des migrations « sûres, ordonnées et régulières », différentes personnalités politiques et diplomatiques ont affiché leur total soutien en faveur de la question migratoire.
Dans un contexte de repli identitaire, où différents partis souverainistes ont brandi ce texte onusien comme un chiffon rouge, le multilatéralisme a cherché la meilleure des réponses à apporter au défi que pose la question migratoire. TelQuel a sélectionné les meilleures phrases du sommet de Marrakech.
Mohammed VI, roi du Maroc (dans une allocution lue devant l’assemblée onusienne par le Chef du gouvernement marocain, Saâdeddine El Othmani)
« Le pacte mondial sur les migrations n’est pas une fin en soi. Il ne fait sens que par sa mise en œuvre effective. C’est pourquoi la conférence de Marrakech est, avant tout, un appel à l’action. À cet appel, l’Afrique répond d’ores et déjà présente ! Elle n’entend pas être en marge. L’Afrique ne sera pas l’objet du pacte mondial. Elle en sera un acteur. Un acteur central.
À chaque étape des routes migratoires, à chaque degré d’intégration, à chaque niveau de complémentarité entre développement et migration, c’est la voix de la jeunesse que nous entendons, et c’est à ses besoins que nous répondons.
Entre le laxisme inacceptable et le tout sécuritaire insupportable, il y a une voie que nous ouvrons aujourd’hui. Une voie qui oppose la souveraineté solidaire au nationalisme excluant, le multilatéralisme à l’ostracisme, et la responsabilité partagée à l’indifférence institutionnalisée.’
Angela Merkel, chancellière allemande
« Il est évident que ces objectifs ne pourront être atteints que grâce à la coopération multilatérale. Nous pouvons dire que l’heure est venue, soixante-dix ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, nous nous penchons enfin sur la question des migrations. C’est une question cruciale pour nous en tant que membres de l’UE et à la vue de la croissance démographique en Allemagne. Nous allons avoir besoin de davantage de main d’oeuvre venue du reste du monde.
L’atteinte des objectifs de développement durable, à l’horizon 2030, et la mise en oeuvre du pacte sont indissociables. Ce texte représente les fondements de la coopération internationale. Il vaut la peine de se battre, afin d’améliorer les conditions de vie de ces individus. Et aussi, car c’est un engagement clair en faveur du multilatéralisme. »
Charles Michel, Premier ministre du Royaume de Belgique
« Des débats vifs sont intervenus en Europe colportant mensonges et contre-vérités. J’ai été moi-même confronté à des divisions au sein du Parlement, mais nous sommes arrivés à plus des deux tiers des parlementaires engagés à soutenir le pacte. Je suis ici pour montrer que la Belgique sera là encore du bon côté de l’histoire. »
Pedro Sanchez Perez-Castejon, président du gouvernement espagnol
« Nous devons combattre cette instrumentalisation du pacte qui veut en faire un appel à la haine uniquement à des fins politiques. N’oublions pas les erreurs du passé. Les migrants ne sont pas une menace, mais bel et bien des victimes. »
Alexis Tsipras, Premier ministre de la République hellénique de Grèce
Nous sommes convaincus qu’il est essentiel de comprendre les priorités, les attentes et les préoccupations des pays d’origine, de transit et de destination afin de faire un pas en avant et d’apporter des solutions efficaces aux défis auxquels nous sommes confrontés. Le pacte sur les migrations fournit un cadre pour faciliter l’intégration, assurer le retour dans la dignité des personnes, s’attaquer aux causes profondes de la migration irrégulière et lutter contre les réseaux criminels. Les défis mondiaux exigent des réponses mondiales. »
Juan Carlos Varela Rodriguez, président de la République du Panama
« Je viens d’un petit pays, mais qui a de grandes responsabilités. Beaucoup de personnes perdent la vie en traversant les forêts tropicales de notre région. Je pense à cet enfant dont la mère a perdu la vie à nos frontières. Les douaniers lui ont donné mon prénom et son origine pour nom. Il s’appelle Juan Afrique, il vit aujourd’hui seul au Panama, et c’est lui qui m’a donné l’envie de me battre. »
Ambrose Mandvulo Dlamini, Premier ministre du Royaume d’Eswatini (ex-Swaziland)
« Nous sommes le pays le plus petit et le plus vulnérable, qui abrite les populations parmi les plus pauvres au monde. Nous avons souvent fait face à l’arrivée des migrants et nous n’avons jamais fermé nos frontières. Nous faisons face avec nos propres moyens. »
Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, nommé à la présidence de la Conférence intergouvernementale pour l’adoption du pacte mondial
« La migration n’est pas une affaire de pays, de région voire de continent, mais c’est une thématique qui touche mon pays comme les vôtres. Cette question interpelle chacun de manière différente, mais la différence ne signifie nullement l’indifférence […]. C’est une conférence d’engagement, celui de la communauté internationale face à un défi majeur pour notre temps. Mais cette conférence est aussi celle de l’action ferme pour une meilleure harmonie entre les États.
C’est parce que nous mesurons plus que jamais que la thématique migratoire est cruciale que notre interdépendance est réelle et notre dépendance partagée. C’est une incontournable preuve de lucidité pour incarner cette conscience à travers l’adoption imminente pour un pacte mondiale sur les migrations régulières. »
Marcelo Ebrard, Secrétaire mexicain des Relations extérieures
« Le gouvernement fédéral va investir plus de 30 milliards de dollars américains au cours des cinq prochaines années dans un plan de développement global avec le Guatemala, le Honduras et le Salvador, visant à limiter la migration vers les États-Unis. »
Le Mexique va changer sa politique de migration, il va vous rendre fier du pacte que nous avons adopté pour une migration sûre, ordonnée et régulière. Nous allons changer les choses et ce seront nos actions qui parleront pour nous. »
Louise Arbour, Représentante spéciale des Nations unies sur les questions de la migration
« Pour la première fois de l’histoire des Nations unies, nous avons été capables de traiter un problème qui a été pendant longtemps considéré comme impossible à gérer au niveau global. Le soutien unanime a montré le multilatéralisme sous son meilleur jour.
Maria Fernanda Espinosa, présidente de l’assemblée des Nations unies
« Des gens manifestent contre le pacte sans l’avoir lu. Il faut faire très attention à ne pas répéter les erreurs du passé. C’est justement à cause de la haine et de la mort de centaines de milliers de citoyens lors de la Seconde Guerre mondiale que La Déclaration des droits de l’Homme, il y a soixante-dix ans, a été créée pour ne jamais répéter l’Holocauste et le génocide.
Il faut faire une pédagogie afin que les citoyens du monde connaissent mieux ce pacte, qui constitue un cadre de référence pour permettre et favoriser la coopération internationale en matière migratoire. Je suis très optimiste, car je sais que les peuples européens (à une question sur les déchaînements qu’il a suscité en Europe, ndlr) pourront regarder les bénéfices et la contribution du pacte et ils seront alors prêts à le rejoindre et à y participer. »
Lawrence Egulu, travaille au ministère ougandais du Travail et du Développement social
« En Ouganda, on croit au multilatéralisme. Le pacte mondial des migrations fait partie du projet de mondialisation. La migration en est une grande partie. Si c’est pour bouger d’un pays à un autre, alors on doit le traiter comme étant un pays membre des Nations unies. L’Ouganda fait partie du village global, on veut faire partie du pacte mondial des migrations. »
Kostas Stamoulis, Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture
« Les gouvernements ont décidé de faire de la migration un choix plutôt qu’une nécessité, c’est l’idée. Beaucoup de gens qui migrent viennent des zones rurales. L’agriculture est impacté par cela. C’est une vraie force pour l’agriculture. »
Joanne Liu, présidente de l’ONG Médecins sans frontières (MSF)
« La migration n’est pas un crime, sauver des vies n’est pas un crime, en tant que représentants gouvernementaux, vous pouvez et vous devez agir. S’il vous plaît, ne lâchez pas, vous qui êtes venus adopter le pacte […]. Nous n’arrêtons pas de dire que la Libye n’est pas un endroit sûr (…) mais les gouvernements européens se contentent d’utiliser l’argent public pour financer les centres de détention. »