Le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (également connu sous le nom de Global Compact pour les migrants et les réfugiés) ne fait pas l’unanimité. Cette semaine, trois pays se sont retirés du Global Compact. Il s’agit d’Israël, de l’Australie et de la Pologne. Les trois Etats ont en effet annoncé cette semaine qu’ils ne signeront pas le document devant être adopté par le reste de la communauté internationale le 11 décembre prochain à Marrakech. Ces trois pays allongent ainsi la liste des autres Etats qui avaient déjà manifesté leur refus de se joindre à cette rencontre internationale.
L’Australie craint pour sa sécurité
Du côté de Canberra, l’annonce a été faite le 21 novembre. Dans un communiqué conjoint, cité par l’agence de presse MAP, le Premier ministre australien, Scott Morrison, ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense ainsi que des responsables politiques du pays affirment que le « pacte est incompatible » avec les « politiques et les intérêts de l’Australie ». Pour le chef de l’Exécutif australien, l’accord onusien ne contribuera pas à « améliorer notre capacité à contrôler nos frontières et à gérer notre programme de migration couronné de succès ».
Approuvé en juillet dernier, le Global Compact sur les migrants et les réfugiés, « ne fait pas de distinction entre ceux qui entrent illégalement en Australie et ceux qui empruntent la voie légale », poursuit le Premier ministre australien estimant que l’accord « pourrait porter préjudice » à la sécurité de son pays.
Israël ne veut pas d’ « infiltrés illégaux »
Un argument similaire a été invoqué par la Pologne qui a annoncé son rejet du Pacte mondial à travers un communiqué publié le 20 novembre. Pour Varsovie, ce projet international d’accord sur les migrations « ne garantit pas la sécurité de la Pologne », et est « contraire aux priorités du gouvernement que sont la sécurité des citoyens polonais et le maintien du contrôle des flux migratoires », indique un communiqué de la présidence polonaise relayé par l’AFP. La Pologne affirme également que le pacte ne permet pas à ses signataires de choisir eux-mêmes les personnes qu’ils souhaitent accepter sur leur territoire et de faire la distinction entre « migration légale et illégale ».
Le même jour, c’est le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu qui annonçait, sur Twitter, qu’Israël boycotterait la signature du pacte mondial sur les migrations à Marrakech. Celui qui occupe aussi les maroquins des Affaires étrangères et de la Défense au sein de son propre gouvernement a affirmé avoir demandé au « ministère des Affaires étrangères d’annoncer qu’Israël ne participera pas et ne signera pas l’accord d’immigration » tout en signalant que son pays s’engage « à protéger [ses frontières] contre les infiltrés illégaux ».
הוריתי למשרד החוץ להודיע שישראל לא תשתתף ולא תחתום על הסכם ההגירה. אנחנו מחויבים לשמור על הגבולות שלנו נגד מסתננים בלתי חוקיים. זה מה שעשינו, וזה מה שנמשיך לעשות
— Benjamin Netanyahu (@netanyahu) November 20, 2018
Un pacte « dangereux » pour la Hongrie
Fin octobre, le gouvernement autrichien avait également annoncé son retrait du pacte, suivi quelques semaines après par la République tchèque. La Hongrie avait dénoncé cet accord le qualifiant de « dangereux » puisqu’il « incitera des millions de personnes à prendre la route (vers l’Europe, ndlr) ».
En décembre 2017, les Etats-Unis s’étaient retirés de la rédaction du document onusien estimant qu’il ne « comprenait des dispositions contraires à la politique d’immigration de Donald Trump », indique l’AFP.
En juillet 2018, après 18 mois de négociations, l’ensemble pays membres de l’ONU, à l’exception de Washington, ont approuvé la création de ce pacte. Le pacte sera formellement adopté lors d’une conférence internationale à Marrakech les 10 et 11 décembre prochain. Il détaille une vingtaine de mesures concrètes comme collecter des données, fournir des papiers d’identité aux migrants qui en sont dépourvus, lutter contre la discrimination, accorder un soin particulier aux femmes et aux enfants, et permettre aux migrants un accès aux services sociaux.