Au-delà de la stabilité macroéconomique, le principal challenge du Maroc reste la capacité « intrinsèque du pays à générer une croissance inclusive de façon accrue et durable sur le moyen terme », affirme le dernier rapport de la Banque mondiale publié le 3 octobre. Un défi qui « pose des questions vis-à-vis de la vulnérabilité et de la durabilité du développement actuel du Maroc », poursuit le document.
La Banque mondiale estime également qu’avec « un taux d’investissement de 30% du PIB depuis 2008, le modèle économique du Maroc, basé sur la demande domestique, risque de s’essouffler sans augmentation significative de l’efficacité et de la profitabilité des investissements ». La croissance, quant à elle, « se base depuis deux décennies principalement sur l’accumulation de capital public, parfois à travers des opérations conjointes entre entreprises publiques et investissements étrangers, qui seront difficiles à maintenir », selon l’étude de l’institution financière. Autre motif d’inquiétude aux yeux de la Banque mondiale : la baisse des revenus, laquelle est liée à celles des taxes directes. En effet, ces dernières ayant » baissé de 3,7% ( fin juin 2018), du fait de la chute des taxes d’entreprise, qui ont connu une tendance baissière depuis 2012 « .
Perspectives positives ?
La Banque mondiale relève cependant qu’avec « le retour de conditions pluviométriques normales (comparées à celles de 2017, ndlr), la production agricole se dirige vers un déclin en 2019, tirant vers le bas le taux de croissance global à 2,9 en 2019″. Un résultat mitigé par la bonne performance de la croissance « non agricole » qui devrait, elle, maintenir son rythme de gains de productivité dans le futur.
Cette prévision de la Banque mondiale s’aligne sur celle émise par le Haut Commissariat au Plan en juillet dernier, qui prévoyait aussi un taux de croissance de 2,9 en 2019. Une perceptive toutefois moins optimiste que celle estimée par Bank Al-Maghrib en septembre dernier, qui prévoit un taux de croissance de 3,1% en 2019.
Une hausse probable, à condition que le Maroc « fournisse plus d’efforts » dans le but « d’améliorer son climat des affaires et la compétitivité de l’économie, en incluant de nouvelles politiques commerciales et de compétition » ainsi « le taux de croissance non agricole pourrait atteindre les 5% sur le moyen terme« , considère le document.
Le rapport indique toutefois que l’écart, en termes de taux de pauvreté, reste encore trop important entre les zones rurales et urbaines. Les évolutions du niveau de vie dans les douze régions du Royaume « convergent toutes vers une croissance, mais de façon asymétrique ». Le déséquilibre « se réduisant à un taux annuel de 4% », il faudrait donc « 24 ans pour que le processus de convergence réduise les inégalités territoriales de moitié ».
Une estimation qui souligne le besoin « d’accroître les bénéfices découlant du modèle de régionalisation avancé », selon les experts de Bretton Woods.
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