On connaît désormais les détails de l’accord paraphé, en début de semaine, entre la Royal Air Maroc (RAM) et l’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL) pour mettre un terme au bras de fer qui les a opposés pendant près d’un mois. Le texte, qui doit être encore soumis au vote des pilotes, a fuité dans la presse.
Le ton est donné d’emblée : «La fragilité financière de la compagnie, caractérisée par sa faible trésorerie et son fort endettement, et enfin sa faible marge opérationnelle, réduit ses marges de manœuvre financières et engendre des retards sur les investissements nécessaires en termes de produit et services pour les clients. De surcroît, les marchés traditionnels de RAM sont fragiles et menacés», lit-on dans le préambule du document, dont Telquel.ma détient en partie copie.
Dans un autre paragraphe, la compagnie nationale explique que «l’analyse diagnostique» de la RAM montre qu’elle «évolue sur un équilibre instable avec une situation financière fragile et des menaces fortes et réelles sur ces principaux marchés auxquelles elle ne pourrait faire face avec la taille et la faible connectivité actuelles de son réseau». Le transporteur reconnaît ensuite que l’adhésion de ses pilotes à son plan de développement est une «condition sine qua non» pour préserver ses chances d’atteindre une «croissance sereine et durable».
«L’école n’est plus une priorité»
Dans leurs doléances, les pilotes de la RAM revendiquaient la réouverture de l’école de pilotage, fermée depuis 2014. Selon eux, elle permettrait de remédier au sous-effectif que connaît la compagnie. Dans le texte de l’accord, on apprend toutefois qu’«en l’absence de signature d’un contrat programmé visant à mettre en œuvre un plan de développement d’envergure (…), l’ouverture de l’école de formation de pilote de ligne au Maroc n’est plus une priorité».
Comment alors remédier à la pénurie des pilotes au sein de la compagnie ? A cette question, la RAM répond que «les besoins en recrutement continueront à être satisfaits dans le cadre de partenariats avec des écoles étrangères».
Parmi les revendications de l’AMPL, il y avait également le financement d’une partie de la formation des pilotes, comme c’était le cas pour les «anciens». L’accord prévoit une prise en charge par la RAM du tiers du coût de la formation en question, cela à compter du 1er octobre. Le reste devrait être apporté par le biais d’un «mécanisme de subvention de l’Etat ou d’autres organismes», ainsi que par le pilote formé.
L’accord précise également que la «nécessité de recrutement de copilotes étrangers, dans le cadre de contrat d’intermédiation à durée déterminée, est un impératif».
Les salaires augmentés
«Les pilotes demandent à ce que la compagnie réduise leurs heures de vol. Ils ne veulent plus avoir cette cadence. Ils demandent aussi à avoir quatre jours off par mois successifs au lieu de 48 heures par semaine actuellement», nous expliquait fin juillet un membre de l’AMPL. Près de deux semaines après, la direction de la RAM semble aussi avoir accepté cette revendication. «AMPL et RAM sont d’accord pour octroyer quatre jours civils off consécutifs par mois». En contrepartie, la compagnie demande une «dérogation sur les règles de programmation des rotations de plus de trois nuits hors base».
Pour ce qui est de la revalorisation salariale demandée par les pilotes, la RAM a, là aussi, visiblement cédé. A compter du 1er novembre, les salaires des commandants de bord des Boing 747, 787 et 767 seront augmentés de 5.175 dirhams nets.
Les salaires des commandants de bord des avions B737 et E190 seront revalorisés de 4.500 dirhams nets, alors que les copilotes et officiers pilotes de ligne opérant avec des B747, B787 et B767 seront augmentés de 3.450 dirhams nets. Les copilotes des Boeing 737 et E190 auront, eux, une augmentation de 3.000 dirhams nets.
L’accord prévoit également l’instauration d’une commission paritaire qui sera chargée du suivi et du contrôle de l’application des dispositions du texte. Celle-ci se réunira «une fois par an et chaque fois que l’une des parties en fera la demande».
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