Après avoir présenté au Conseil du gouvernement du 19 avril son plan de santé 2025, Anas Doukkali ministre de la Santé a lancé le 15 mai douze groupes de travail et de concertation autour de cette nouvelle feuille de route. Constituées de professionnels de la santé, ces cellules de réflexion auront pour mission « de proposer au ministère de la Santé des mesures concrètes assorties d’indicateurs spécifiques de mesure, et d’estimations budgétaires », écrit le ministère dans sa communication. Retour sur les grandes lignes de ce plan de santé 2025 qui dresse une image globale et générale des ambitions du ministre de la Santé en 125 mesures sans préciser comment le département Doukkali va mettre œuvre, concrètement, ces mesures.
De nouveaux hôpitaux publics.
Le premier pilier du plan santé 2025 est d’organiser et développer l’offre de soins en vue d’améliorer l’accès aux services de santé. Pour ce volet, le nouveau ministre de la Santé ambitionne, entre autres, d’augmenter la capacité litière nationale en construisant et mettant en service de nouveaux hôpitaux publics et en réaménagement des structures hospitalières existantes. Mais aussi d’encourager de nouveaux modes d’hospitalisation non-conventionnelles (hôpital de jour, hôpital de semaine, hospitalisation à domicile…).
Le plan entend rouvrir les structures fermées du réseau des établissements de soins de santé primaire, mettre à niveau celles qui sont opérationnelles et couvrir les zones enclavées avec des hôpitaux mobiles et unités médicales spécialisées selon un programme annuel. Anas Doukkali promet à travers ce plan de poursuivre l’extension du réseau des établissements médico-sociaux (REMS) et de renforcer le parc ambulancier des circonscriptions sanitaires rurales. Au programme également, une mise à niveau des services des urgences et de réanimation, l’augmentation du taux de couverture par la consultation du médecin généraliste, mais aussi améliorer la fréquentation hospitalière à travers l’amélioration de l’accueil et l’humanisation des services. Pour optimiser l’accès aux médicaments, cette feuille de route entend réadapter le cycle d’approvisionnement et de distribution des produits de santé, l’amélioration du taux de pénétration du générique ainsi que la baisse des prix des médicaments.
De nouveaux plans dédiés à l’hépatite C, à la lutte contre l’obésité et en faveur de la PMA.
Le deuxième pilier du plan est de renforcer les programmes nationaux de santé et de lutte contre les maladies et d’en lancer de nouveaux. La feuille de route d’Anas Doukkali ambitionne ainsi de lancer plusieurs plans et programmes dont : la stratégie nationale de la santé des personnes âgées et des migrants, le plan « Maroc sans hépatite virale C », la stratégie de lutte contre l’obésité de l’enfant, le plan national de procréation médicalement assistée (PMA), ou encore le programme national des maladies rares et orphelines. Le ministre de la Santé projette également de renforcer le programme de la santé des femmes et des enfants victimes de violence, le plan national de prévention et de contrôle du cancer, le programme de lutte contre le diabète et enfin celui de la santé bucco-dentaire.
Le ministre souhaite aussi créer des pôles d’excellence régionaux multidisciplinaires dédiés à la santé de la mère et de l’enfant et mettre à niveau les structures d’accouchement surveillé, notamment en milieu rural. La consolidation du projet national d’immunisation (PNI) et l’introduction du vaccin anti-HPV, destiné aux filles de 9 à 13 ans, sont également planifiées. Pour sa part, le plan national de la santé mentale et psychologique sera mis à jour (création et mise à niveau des services de psychiatries intégrés et implantation de centres d’addictologie, etc.). Aussi, une chaîne de santé publique sur le web va être lancée.
Un organisme pour assurer la bonne gouvernance du RAMED.
Le troisième volet de ce plan est d’améliorer la gouvernance et d’optimiser l’allocation et l’utilisation des ressources. Ainsi, la mise en oeuvre (progressive) du système d’assurance-maladie obligatoire destiné aux professionnels, travailleurs indépendants et non-salariés exerçant des activités privées (AMI). Au menu d’autre part : la création d’un organisme gestionnaire spécifique pour assurer la bonne gouvernance du RAMED et œuvrer pour la soutenabilité de son financement, la révision de la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP), la nomenclature des actes de biologie médicale (NABM).
Pour pallier le manque d’effectifs, Anas Doukkali propose d’encourager la contractualisation avec les professionnels de santé (partenariat avec les collectivités territoriales, le secteur privé, les cadres médicaux et paramédicaux à la retraite), revoir le cursus de formation et implanter des masters spécialisés à l’École nationale de santé publique (ENSP) adaptés aux nouveaux besoins du système de santé et augmenter les effectifs d’admission pour la formation au niveau des Instituts supérieurs des professions infirmières et techniques de santé. Pour le personnel exerçant dans des zones d’accès difficiles, le ministère de la Santé planifie d’instaurer des mesures incitatives, mais aussi institutionnaliser la prime de rendement et œuvrer pour l’augmentation de la prime de risque professionnel. Enfin, cette feuille de route prévue pour 2025 envisage d’effectuer une réorganisation du ministère, de créer des inspections régionales des services de santé, une Agence nationale du médicament et des produits de santé ainsi qu’un établissement marocain du sang.
Voyant les choses en grand, ce plan ambitionne d’instaurer un système national d’information sanitaire intégré (mise en place d’un schéma directeur informatique du ministère de la Santé, conception, informatisation et implantation du « dossier médical partagé », ou encore création d’un « Data center du ministère de la Santé »). Un projet qui a aussi pour but de créer une Agence de performance et d’évaluation hospitalière afin d’introduire les outils d’accréditation et de certification des services et des établissements de santé.
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