Au procès du Hirak, Nabil Ahamjik affirme qu'il ira à "la potence le sourire aux lèvres"

Nabil Ahamjik est le dernier des 54 détenus du Hirak à Casablanca à comparaître devant le président de la Chambre criminelle de Casablanca.

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Nabil Ahamjik. Crédit: DR

Est-ce la fin d’un cycle pour Nasser Zafzafi ? Le leader du Hirak, qui comparaissait depuis le 9 avril devant le président de la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca, est apparu pour la dernière fois à la barre, ce jeudi 3 mai. Le juge ayant terminé son interrogatoire, et le procureur n’ayant pas de questions à lui poser, ses avocats ont été invités à l’interroger devant la Cour. Surprise, la défense ne s’attendait pas à une fin aussi brusque.

« Nous nous attendions à ce que le reste des pièces à convictions, appels, vidéos, messages, soient diffusés », explique le bâtonnier Abderrahim Jamaï. Mais au tribunal, cette décision revient au juge, et elle est indiscutable. Nasser Zafzafi quitte alors la barre, non sans avoir pris le temps de remercier « ses avocats, la presse libre et indépendante, la société civile et le peuple marocain qui a affiché son soutien à la cause du Hirak ».

C’est donc au tour de celui que l’on surnomme la « dynamo du Hirak », Nabil Ahamjik, de comparaître devant le juge Ali Torchi, pour le dernier interrogatoire des 54 détenus du Hirak à Casablanca. Confronté aux accusations retenues contre lui – il est notamment poursuivi pour « participation à la fomentation d’un complot portant atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », un crime passible de peine de mort selon les dispositions de l’article 201 du Code pénal – il nie catégoriquement, plaide non-coupable et qualifie son dossier de « vide et sans preuves ».

Devant le juge, Nabil Ahamajik tient un discours semblable à celui de son prédécesseur, Nasser Zafzafi, reprenant les mêmes éléments de langage et de style. « J’irai à la potence le sourire aux lèvres, tant je suis heureux de payer les frais de mon militantisme lors du Hirak », déclare-t-il. Il multiplie les questions rhétoriques et interpelle la Cour sur la légitimité des poursuites engagées par le Parquet. « Nous sommes descendus dans la rue pour révéler l’échec des politiques publiques et dévoiler l’existence d’une crise économique et sociale dans la région du Rif, est-ce pour cela que nous risquons aujourd’hui la peine de mort ? ».

Il regrette également « la régression qu’a connu le Maroc en matières de droits de l’Homme », et n’hésite pas à établir un rapprochement avec les « années de plomb ». Pour étayer son propos, il cite un rapport interne du Conseil national des droits de l’Homme sur le suivi des recommandations de l’Instance équité et réconciliation au sujet des réparations accordées aux victimes des années de plomb.

Ce rapport, dont Telquel Arabi détient copie, avait conduit le gouvernement, fin septembre, à allouer une enveloppe de plus de 920 millions de dirhams à l’indemnisation de plus de 19.000 personnes. Le procureur Hakim El Ouardi intervient alors pour rappeler à l’accusé que ce document ne fait pas partie du dossier, et demeure loin des actes pour lesquels il est poursuivi. La défense s’offusque, et exige que son client ne soit pas interrompu, « compte tenu des lourdes peines qu’il encourt ». La discussion se poursuit ensuite autour du rapport avant que Nabil Ahamjik ne se dise fatigué et que le juge annonce le report de l’audience au 4 mai.

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