Rupture des relations Maroc-Iran: la réponse du Hezbollah

Le Hezbollah libanais a démenti le 1er mai les accusations du Maroc selon lesquelles il enverrait des armes au Front Polisario, incitant Rabat à rompre ses relations diplomatiques avec Téhéran.

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Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors d'un discours au cours d'une réunion du parti chiite à Beyrouth en février 2018. Crédit: AFP PHOTO / JOSEPH EID

Commentant la décision marocaine du 1er mai de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran, fondée sur des accusations de soutien du Hezbollah au Polisario, le mouvement libanais a indiqué dans un communiqué publié le même jour que “le Hezbollah nie les allégations et les accusations tout à fait.”

Il est regrettable que le Maroc ait recours aux pressions des Etats-Unis, d’Israël et de l’Arabie saoudite pour diriger ces fausses accusations”, déclare le communiqué, ajoutant que “le ministère marocain des Affaires étrangères était libre de chercher un argument plus convaincant pour rompre ses relations avec l’Iran”.

Pour le Maroc, il n’y a pas de meilleure raison que sa cause nationale,” nous déclare une source marocaine autorisée commentant la réaction du Hezbollah. Notre source relève aussi que “le Maroc oppose des faits, des noms, des dates, mais le Hezbollah répond par un discours politique, sans répondre aux faits.

Pour marquer l’indépendance vis à vis des pays cités par le Hezbollah, notre source fait également valoir que « “le Maroc a fait évoluer son vote lors des résolutions de l’ONU sur les droits de l’Homme en Iran, vers l’abstention”, ni “fait de déclaration hostile au programme nucléaire iranien”, contrairement aux trois pays cités par le Hezbollah. Elle note aussi que la rupture des relations diplomatiques Iran – Arabie saoudite remontent à janvier 2016. Or, notre source fait remarquer que le Maroc avait précédemment rompu ses relations avec l’Iran en mars 2009, puis les rétablir progressivement de 2014 à 2016, “dans un cadre bilatéral”.

En 2009, le Maroc faisait en effet valoir “l’attitude inacceptable de l’Iran, et de son ingérence dans les affaires religieuses du Maroc”.

En octobre 2016, Mohammed VI nommait à nouveau un ambassadeur à Téhéran, Hassan Hami, marquant ainsi la reprise effective des relations avec Téhéran.

Rappelé par Rabat, l’ambassadeur marocain a quitté Téhéran le 1er mai au matin. De retour d’Iran où il a rencontré son homologue Javad Zarif pour l’informer de la décision du Royaume du Maroc de rompre ses relations avec l’Iran, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita a déclaré à Rabat que “le Maroc dispose de preuves irréfutables, des noms identifiés et des faits précis qui corroborent cette connivence entre le Polisario et le Hezbollah contre les intérêts supérieurs du Maroc”, cité par l’agence marocaine MAP.

Une “première livraison d’armes a été récemment fournie au Polisario”, le mouvement indépendantiste sahraoui soutenu par l’Algérie, via un “élément” à l’ambassade iranienne à Alger, rapporte encore l’AFP.

En 2016, une commission de soutien aux sahraouis a été formée au Liban avec le soutien du Hezbollah, et lors de cette même année, un responsable du mouvement chiite a visité Tindouf,” a ajouté le diplomate selon l’agence de presse turque Anadolu

Nous avons des preuves, des données et des dates montrant l’implication d’au moins un élément dans l’ambassade iranienne en Algérie dans l’organisation de toutes ces opérations pendant au moins deux ans”, a déclaré Nasser Bourita.

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