Le Haut-commissariat au plan (HCP) a publié son enquête nationale 2017 sur l’emploi, élargissant pour la première fois son échantillon à 90.000 ménages et appréciant de nouvelles variables en termes d’activité, de professions ou encore de diplômes. Les chiffres clés à retenir.
L’institution dirigée par Ahmed Lahlimi Alami commence par un panorama général de l’emploi en 2017. Pour résumer, plus de postes ont été créés que supprimés, mais ils restent pour l’immense majorité peu qualifiés, précaires et largement insuffisants pour satisfaire tous les demandeurs.
Entre 2016 et 2017, l’économie nationale a ainsi généré quelque 86.000 places supplémentaires sur le marché du travail – contre 37.000 destructions nettes au cours de l’exercice précédent. Le secteur primaire (agriculture/forêt/pêche) a été de loin le premier pourvoyeur (42.000), suivi du tertiaire (26.000), du BTP (11.000) et de l’industrie/artisanat (7.000). Cette augmentation n’a toutefois pas réussi à absorber la croissance démographique, faisant légèrement baisser le taux d’activité (-0,3%).
Plus de la moitié des actifs de 15 ans et plus (58,6%) ne disposent d’aucun certificat d’études, tandis que respectivement 27,9% et 13,5% possèdent un diplôme de niveau moyen ou supérieur. Peu de personnes (2,4%) ont eu droit à une formation au cours des douze derniers mois.
Par ailleurs, plus de 1.793.000 travailleurs (sur 10.699.000) ne sont pas rémunérés, tandis que 932.000 exercent un petit boulot occasionnel ou saisonnier. Quatre sur dix s’activent plus de 48 heures par semaine.
Près des deux tiers n’ont pas de contrat (plus de 90% dans le BTP), et 77,5% ne bénéficient ni d’une retraite, ni d’une couverture médicale. À noter que près d’un individu sur cinq se dit non satisfait de sa situation. La plupart des personnes interrogées évoquent une rémunération jugée trop faible.
Enfin, l’effectif des chômeurs s’est accru de 49.000 personnes (portant le taux de 9,9% à 10,2%), exclusivement en milieu urbain. Le fléau touche surtout les jeunes citadins, les diplômés et les femmes.
Cinq régions accaparent les trois quarts des travailleurs
Il s’agit des zones de Casablanca-Settat (22,4%), Marrakech-Safi (13,8%), Rabat-Salé-Kénitra (13,5%), Fès-Meknès (11,6%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11,1%). Dans le même temps, ces cinq circonscriptions, ajoutées à celle de L’Oriental, concentrent plus de 80% des chômeurs. D’importantes disparités existent en leur sein entre les villes et les campagnes, comme le montre le graphique suivant :
Le chômage des diplômés 7% supérieur à la moyenne nationale
« Le taux de chômage croît avec l’élévation du niveau de diplôme, aussi bien par milieu de résidence que par sexe« , note avec fatalité le HCP. De 15% pour les qualifiés du primaire et du secondaire, ce taux grimpe à 23,3% pour ceux d’un niveau égal ou supérieur au baccalauréat, et à 22,7% pour les bénéficiaires d’une formation professionnelle.
Si 7 actifs sur 9 se sentent compétents, quel que soit leur niveau d’instruction, plus de 20% et 15% jugent leur parcours scolaire respectivement « peu adéquat » ou « sans aucune concordance » avec leur occupation actuelle.
10 millions de femmes en dehors du marché du travail
« La participation des femmes au marché du travail demeure faible et largement en deçà de celle des hommes – 22,4% contre 71,6% en 2017« , relève le HCP. « Au cours des quinze dernières années, et malgré les efforts consentis dans les domaines de la formation et de la scolarisation, le taux d’activité des femmes a reculé d’environ 3,5 points. Dans ce contexte, l’examen des raisons défavorisant l’accès des femmes au marché du travail est d’une grande importance pour l’élargissement des bases de connaissance sur cette problématique« , ajoute l’organisme.
77,6% de la population féminine (10 millions de personnes) n’est pas intégrée dans le marché de l’emploi. Plus des trois quarts sont des femmes au foyer – contre seulement 13,4% d’élèves ou étudiantes – et plus de la moitié avance comme raison « la nécessité de prendre soin des enfants et du foyer« .
Presque deux fois plus d’enfants préscolarisés chez les diplômés du supérieur
De 39% chez les fils et filles de non-diplômés, la chance de suivre un enseignement préscolaire (de 3 à 5 ans) s’élève à plus de 75% pour les enfants de diplômés du supérieur. Cette proportion ne change guère suivant le sexe, mais varie du simple au triple entre les zones rurales (22,5%) et urbaines (66,6%). Cette scolarisation précoce s’effectue presque exclusivement dans des établissements privés modernes (90,1%).
69,5% des entrepreneurs sans diplôme
Les entrepreneurs gèrent, pour la quasi-totalité (98,2%), des structures employant moins de 5 personnes et sont des hommes (88,2%). 45,1% sont actifs dans le tertiaire, 38,9% dans le primaire, et le reste dans l’industrie, l’artisanat ou la construction.
69,5% n’ont pas de diplôme, alors que 24,5% ont décroché un certificat au maximum dans le secondaire. Sept sur dix sont installés dans les cinq régions de Casablanca-Settat (20,4%), Marrakech-Safi (14,0%), Rabat-Salé-Kénitra (12,7%), Fès- Meknès (12,1%) et Tanger-Tétouan- Al Hoceima (11,9%).
87% des immigrants concentrés dans quatre régions
La provenance des immigrés étrangers au Maroc est presque également répartie entre les pays arabes (33,5%), européens (32,5%) et d’Afrique subsaharienne non arabe (27,3%). Les motivations d’installation au Maroc sont principalement économiques (41,4%) et sociales (22,4%).
Cette population est à 54,1% diplômée du supérieur, à 60% masculine, à 78,5% active dans les services, et à près de 87% concentrée dans quatre régions – Casablanca-Settat (33,8%), Rabat-Salé-Kénitra (28%), Marrakech-Safi (15,2%), et l’Oriental (9,9%).
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