Les résultats de l’Atlas territorial des disparités en éducation pointent du doigt de profondes inégalités entre les niveaux d’études à l’échelle nationale comme régionale.
Un fléau lourd de conséquences. Selon les résultats de l’Atlas territorial des disparités en éducation, le niveau d’inégalité face aux années d’études atteint des proportions préoccupantes au Maroc. Ces résultats ont été présentés au public par Rahma Bourqia, directrice de l’Instance nationale d’évaluation (INE), organe rattaché au Conseil supérieur de l’éducation, lors d’une conférence organisée le 24 mai. L’occasion de se pencher sur un problème majeur que le Maroc peine à résoudre.
Le rapport d’une centaine de pages repose sur deux indicateurs: la moyenne d’années de scolarisation, et l’indice « Gini » sur les inégalités liées à celle-ci. Établies sur la base du recensement de la population en 2014, ces analyses classent les communes marocaines selon leur niveau d’inégalité tout en comparant les données à l’échelle nationale. Ce travail est destiné à accompagner les politiques publiques dans le chantier de modernisation du système scolaire.
Un retard à l’échelle nationale
Avec moins de 5,64 années d’étude en moyenne (école primaire comprise), le Maroc occupe la 136e place sur 175 pays en termes d’année de scolarisation. À titre indicatif, la moyenne pour plus des trois quarts des pays du monde se situe au-delà des 6 années d’étude. Les quinze premiers pays du classement affichent une moyenne de 12 ans.
Des progrès ont pourtant été réalisés dans ce domaine. En 20 ans, le nombre moyen d’années de scolarisation a plus que doublé. Une évolution qui n’a cependant pas profité à tout le monde, selon l’indice de mesure des inégalités. Pour l’INE, « la massification de l’éducation n’a pas suffisamment été accompagnée d’une diminution conséquente des inégalités dans ce domaine ».
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À titre d’exemple, la moyenne d’années d’étude dépasse les 6 ans dans seulement un tiers des régions marocaines. Il s’agit des régions d’Eddakhla-Oued Eddahab, Rabat-Salé-Kénitra, Grand Casablanca-Settat et Laayoune-Sakia El Hamra. À Marrakech-Safi et Beni Mellal-Khénifra, cette moyenne ne dépasse pas les 5 années de scolarisation. À noter que ces régions sont aussi les plus concernées par les inégalités.
Vers la mise en place d’une « discrimination positive » ?
Plus le rapport affine son analyse au niveau local, plus les inégalités sont frappantes. À l’échelle des communes, seules celles d’Agdal (Fès), Assoukhour Assawda et El Maarif (Casablanca), Harhoura (Skhirate-Témara), Hassan, Souissi, et Agdal-Riyad (Rabat) réalisent une moyenne d’année de scolarisation variant de 9,8 à plus de 12 années. En revanche, d’autres communes comme Oulad Ali Mansour (Tétouan), ou Tahelouante et Assais (Essaouira) ne dépassent pas un an de moyenne.
Ces résultats témoignent d’un phénomène alarmant. À l’échelle d’une vie, les conséquences se font ressentir en termes d’analphabétisme ou de lacunes pour grimper dans l’échelle sociale. Pour rappel, près d’un tiers de la population marocaine est toujours analphabète.
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Pour lutter contre ce phénomène, la Vision stratégique de la réforme 2015- 2030 du Conseil supérieur de l’éducation prône « l’ancrage de l’école de l’équité ». L’une de ses recommandations majeures appelle à « mettre en place une discrimination positive en faveur des zones défavorisées, notamment dans le milieu rural ». Un domaine dans lequel le gouvernement assure accorder « une attention particulière ». De nouvelles écoles communales accompagnées par des services de transport et de cantines scolaires seraient en chantier. Un projet titanesque face à ce que les experts et la société civile qualifient de » situation d’urgence « .
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