Lancer une page sur Facebook, embaucher une équipe de community managers, sponsoriser du contenu et garder un œil sur les insights tout en déléguant une partie de ces activités à une agence digitale.
Pour beaucoup d’entreprises, cela semble être la panacée. Mais ces actions sont désormais loin de suffire à l’heure de la baisse du reach naturel, de l’émergence des Martech, du marketing d’influence et des technologies liées au machine learning, aux interfaces voix, à l’internet des objets ou encore du gaming.
Une chose est sûre, la transformation numérique et les certitudes d’un jour deviennent les concepts désuets de demain, et même d’aujourd’hui.
Aussi faut-il faire preuve d’agilité constante pour jongler entre les technologies les plus adaptées à son business actuel tout en gardant un œil sur l’avenir. Et il vaut mieux ne pas se tromper.
Les entreprises devraient profiter de 2018 pour lancer un maximum d’expériences. Pour cause, le coût de l’innovation qui va crescendo. Cette année déjà, pour chaque dollar investi dans l’innovation, il en faudra sept pour la mise en œuvre (Rapport Top Strategic Predictions for 2018 and Beyond: Pace Yourself, for Sanity’s Sake de Gartner).
En 2020, des technologies qui commencent à se faire une place seront rapidement adoptées, à l’image de la réalité augmentée (AR), qui permet, par exemple, de projeter sur des lunettes l’image d’un « seddari » pour voir à quoi il ressemblerait dans son salon. Cette application VR (Réalité virtuelle) est déjà une réalité : une start-up marocaine de La Factory l’a développée. Le prototype permet d’appliquer différents tissus sur un salon marocain virtuel.
La voix ouvre la voie
D’ici trois ans, 100 millions de consommateurs achèteront dans un environnement de RA. Dans un supermarché, « les informations sur les différents produits flotteront dans l’air en face de chacun d’eux », prédit par exemple Daryl Plummer de Gartner.
A la faveur des avancées technologiques, les dispositifs contraignants que l’on voit aujourd’hui, notamment les enchevêtrements de câbles nécessaires au fonctionnement des casques de réalité virtuelle seront bientôt de l’histoire ancienne.
Les masques encombrants seront remplacés par d’élégantes lunettes qui rendront d’autant plus faciles les expériences d’immersion. L’usage de la AR, qui projette des éléments virtuels dans le monde réel devrait d’ailleurs de plus en plus supplanter la VR qui, elle, propose de nous faire plonger dans un monde imaginaire.
La gamification est déjà largement utilisée, tandis que le gaming devient de plus en plus un media à part entière. Le recours aux serious games deviendra autant une évidence que la fabrication d’un spot pour faire la promotion d’un évènement.
L’année 2020 devrait aussi connaître le déclin des applications mobiles. Dès aujourd’hui, seule une poignée d’applis tirent leur épingle du jeu. Trop de choix tue le choix : le principal magasin en ligne, le Playstore de Google, est noyé d’applis que les utilisateurs ne verront même pas.
A mort donc les apps traditionnelles si chères à Steve Jobs et bienvenue aux « progressive web apps ». Késako ? Une fois connecté sur un site web, votre device mobile télécharge un framework qui permet à la prochaine connexion un fonctionnement instantané du service.
L’avenir est aussi aux échanges par la voix. Les interfaces classiques visuelles seront petit à petit remplacées. En 2021, 30% des sessions sur le net se feront sans écran et les marques qui adapteront leur site web augmenteront leurs revenus de 30%, toujours d’après Gartner.
Internet labo à ciel ouvert
Les data scientists planchent déjà, grâce aux avancées de l’intelligence artificielle, sur des algorithmes puissants de reconnaissance vocale. On nous souffle même que des solutions en darija sont en cours de préparation.
De quoi alimenter l’intérêt de grands groupes, à commencer par les banques et les assurances qui commencent pour le moment à peine à se doter de chatbots.
La big data reconfigure aussi l’écosystème en dotant les plus performants de la donnée la plus pertinente à mettre en œuvre pour bien cibler et convaincre des clients de plus en plus exigeants, soucieux de la protection de leurs données personnelles et rétifs à la publicité intrusive.
Dans l’univers des réseaux sociaux, le social listening est aussi le futur des études de marché. Exit les focus groups, internet devient désormais un focus group à ciel ouvert. Le défi pour les marques est de se doter des bonnes technologies pour décrypter les remontées d’informations et non pas simplement tendre l’oreille.
Quid du Maroc ? Si les entreprises ont pris conscience mais tergiversent, il n’en est pas de même pour le consommateur qui est déjà à la page. Régis Delière, directeur central grand public chez Orange Maroc, note que « la consommation de data explose« .
« Chez Orange, nous avons noté une augmentation de 90% du volume de data consommé entre 2016 et 2017. Cela confirme une appétence comparable à ce qui est observé dans les pays européens, notamment en France et en Espagne« , estime-t-il.
En cause, un prix de la data plutôt bas (1 Go coûte en moyenne 10 dhs contre le triple en Europe). Malgré tout, « le taux de pénétration de l’internet Haut Débit dans les foyers marocains reste très bas : il est de 3,7%« , note pour sa part Inwi. « C’est en deçà du taux enregistré par certains pays du monde arabe comme le Liban (25,6%), l’Arabie Saoudite (10,8%), la Tunisie (5,6%), la Palestine (6,9) ou encore la Syrie (4%)« , poursuit l’opérateur.
Chez la concurrence, on met en avant les offres « smart home ». Maroc Telecom propose ainsi des solutions de vidéosurveillance pour garder un œil sur la maison, ou pour surveiller un parc de véhicules.
L’Internet des objets, qui explose partout dans le monde, reste toutefois discret au Maroc, selon les trois opérateurs. Maroc Telecom reconnait ainsi que « le marché manque encore de structuration (…) Ce pour quoi plusieurs solutions marchent bien aujourd’hui à l’international, mais peinent encore à se développer au Maroc, notamment dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de l’énergie…« .
Le mobile banking débarque
Autre domaine qui démarre à peine, les offres de mobile banking. Et pour cause, « le Maroc a un secteur bancaire plus important qu’en Afrique subsaharienne, avec un taux de bancarisation meilleure. De plus, l’écosystème n’est pas favorable au mobile payement, mais plutôt à un comportement de type cash. Ainsi, la majorité des Marocains utilisent leur carte bancaire comme carte de retrait et non de paiement« , note Régis Delière, dont l’entreprise est très active sur ce segment en Afrique subsaharienne.
Une situation qui devrait fondamentalement changer en 2018. En effet, de grandes banques passent à la vitesse supérieure, à la faveur du défaut de l’autorisation d’organismes de paiement.
« L’arrivée des Fintechs, qui bousculent le modèle bancaire traditionnel, constitue à la fois une nouvelle donne dont on doit tenir compte et un accélérateur pour renforcer notre agilité et accompagner notre transformation« , nous déclare Mounir Chraibi, directeur général délégué de BMCE Bank of Africa, qui nous annonce que des travaux sont actuellement engagés avec deux Fintechs, notamment dans le secteur des paiements électroniques.
Selon ce dernier, « le big data, l’intelligence artificielle ou le blockchain font désormais partie des projets prioritaires de la banque« . Et de citer l’exemple d’une expérimentation d’outils d’intelligence artificielle simulant les processus cognitifs humains en cours de test par les collaborateurs de BMCE. Que ce soit les banques, les telcos ou les multinationales, la prise de conscience d’un passage à la vitesse supérieure et pregnant. Il reste à adopter rapidement les technologies indispensables pour la survie des marques marocaines.
Avis D’expertOussama AmraouiChief Technology Officer chez TNCL’évolution des outils technologiques a en soi révolutionné notre vision des stratégies digitales. La démultiplication des canaux et des touch points impose une réflexion sur le long terme. La construction de plateformes digitales, tant sur le volet technologique que marque, en devient une nécessité pour l’atteinte des objectifs de communication et business des marques. Notre rôle s’inscrit ainsi dans ce sens : créer une symbiose entre stratégie, créativité, technologie et média pour accompagner les marques dans la construction de The Next plateforme digitale[/encadre] |
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