Le conseil d’administration du constructeur automobile Renault a donné, jeudi, son feu vert à un nouveau mandat de PDG pour Carlos Ghosn. Ce dernier a parallèlement nommé un numéro 2 pour le groupe, conformément au souhait de l’État français de le voir préparer sa succession.
« Le conseil d’administration a décidé de proposer le renouvellement du mandat d’administrateur de Monsieur Carlos Ghosn, qui sera soumis à l’Assemblée générale des actionnaires le 15 juin », a indiqué Renault dans un communiqué. Soulignant les « résultats exceptionnels » obtenus sous M. Ghosn par l’entreprise, qui doit diffuser vendredi ses comptes pour 2017, le conseil d’administration lui a « également renouvelé sa pleine confiance en tant que Président-Directeur Général de Renault, et Président-Directeur Général de l’Alliance » Renault-Nissan-Mitsubishi.
Le consortium Renault-Nissan, élargi en 2016 à Mitsubishi, est devenu numéro un des ventes l’an dernier avec 10,6 millions d’automobiles – plus que Volkswagen et Toyota. Le groupe possède au total dix marques, 470.000 salariés et 122 usines sur tous les continents.
Pour le prochain mandat de quatre ans, les administrateurs ont fixé « trois objectifs prioritaires ». Le PDG devra, selon eux, « piloter les enjeux stratégiques du Plan Drive the Future », qui vise un chiffre d’affaires de 70 milliards d’euros en 2022, contre un peu plus de 50 en 2016. Il devra aussi « engager les étapes décisives permettant de rendre l’Alliance pérenne » et « renforcer le plan de succession à la tête du groupe Renault ».
Préparer l’après
L’alliance constitue un groupe aux équilibres complexes, entre intérêts français et japonais. Ce montage repose aujourd’hui en grande partie sur la personnalité du dirigeant franco-libano-brésilien. Diplômé de Polytechnique (X-Mines), ce père de quatre enfants, né au Brésil dans une famille d’origine libanaise, a débuté son parcours chez Michelin où il a gravi les échelons, jusqu’à une fonction de numéro deux. En 1996, il est recruté chez Renault par Louis Schweitzer, qui envisage d’en faire son successeur. C’est ce qui se produit en 2005.
M. Ghosn, qui aura 64 ans en mars, a en outre décidé, « après avoir reçu l’avis favorable du Conseil d’administration, de nommer Monsieur Thierry Bolloré aux fonctions de Directeur général adjoint du groupe, à compter du 19 février 2018 », selon le texte diffusé à l’issue de la réunion de l’instance au siège de Boulogne-Billancourt (sud-ouest de Paris). M. Bolloré est arrivé chez Renault en 2012 après une carrière internationale, dont plusieurs postes en Asie, pour le manufacturier de pneumatiques Michelin et l’équipementier Faurecia. Âgé de 54 ans, il était jusqu’ici directeur délégué à la compétitivité.
L’État français, qui détient 15,01% du capital de Renault et 21,93% des droits de vote, insiste de longue date pour créer ce poste de numéro deux. Celui-ci aurait vocation à succéder ultérieurement à Carlos Ghosn. Le gouvernement n’avait pas caché sa volonté de voir un Français nommé à ce poste. Il s’inquiète notamment pour la pérennité de l’alliance et son ancrage français, dans la perspective de l’après Carlos Ghosn.
Le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a de son côté annoncé que M. Ghosn avait accepté une diminution de salaire de 30%, permettant au représentant de l’État au conseil d’administration d’approuver jeudi sa rémunération, contrairement à l’an dernier.
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