Intervenant lors de la Conférence régionale de croissance globale, qui se tient à Marrakech sous le thème « Opportunités pour tous: croissance, emploi et inclusion dans le monde arabe », la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) a évoqué la réforme du régime de change récemment entrée en vigueur. « C’est une très bonne décision. Les marchés internationaux et les investisseurs étrangers apprécieront cette décision des autorités publiques marocaines », a-t-elle précisé.
Lagarde a souligné l’importance de plusieurs réformes entreprises par le Maroc et qui permettent de créer plus d’emplois. Car c’est bien là le sujet de la conférence : les défis de la croissance inclusive et créatrice d’emploi dans la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA).
« Près de 25 millions de jeunes vont arriver sur le marché de l’emploi dans cette région du monde dans les cinq prochaines années d’où la nécessité de réaliser une croissance durable et inclusive », a rappelé la directrice générale du FMI.
Selon une note du FMI sur le sujet, « les citoyens de la région s’inquiètent du fait que les opportunités et l’accès aux services publics ne sont pas les mêmes pour tous. D’après l’enquête Arab Barometer, 70 % des citoyens estiment que les efforts gouvernementaux pour réduire l’écart entre les riches et les pauvres sont peu, voire très peu, efficaces et ils sont 60 % à considérer que l’amélioration des services essentiels de santé est insuffisante« .
Le même document affirme que la région affiche des taux d’emploi parmi les plus faibles du monde. Moins d’un adulte sur deux travaille, « ce qui découle pour une large part de la faible participation des femmes, qui ont trois fois moins de chances d’être dans la population active que les hommes« .
Le chômage des jeunes est le plus grand fléau de la région. En 2016, il atteignait 10,6%, pour 25% de jeunes sans emploi. L’enquête de 2017 sur la jeunesse arabe (ASDA’A Burson-Marsteller) révèle que 35% des jeunes arabes considèrent le chômage comme le principal défi à relever au Moyen-Orient.
Ce n’est pas pour rien que Christine Lagarde note que « le mécontentement populaire bouillonne » dans la région du Moyen-Orient et du Maghreb. Un avis partagé par Saad Eddine El Othamni, qui affirme qu’il y a « une pression sociale, des attentes et des aspirations pour des solutions immédiates. Au-delà des programmes à long terme, il faut des programmes d’urgence« .
Pour remédier à cette situation, Christine Lagarde estime qu’il faut que les gouvernements investissent plus dans les secteurs sociaux comme l’éducation et la santé. Ces dépenses représentent moins de 11% dans la région MENA, contre au moins 19% en Europe.
« Il faut plus d’infrastructures, plus de dépenses sociales… Vous allez me dire: ‘mais nous n’avons pas assez moyens financiers pour tout cela’. Les discussions menées aujourd’hui doivent être la base pour aller vers plus d’investissement« , a expliqué Lagarde qui a dressé quelques priorités dans ce sens.
Pour le FMI, favoriser une croissance plus soutenue dans la région exige de créer un secteur privé « fort et créateur de richesses« . « L’État ne peut pas rester le principal employeur« , insiste la directrice du FMI.
Christine Lagarde a appelé à « combattre la corruption », à développer des régimes fiscaux plus équitables, à « soutenir les groupes exclus, les jeunes, les femmes et les réfugiés« , et à adopter un partenariat-public-privé comme une approche nécessaire pour réaliser le développement escompté. Elle a également souligné que les politiques de taxation devront être élaborées de manière à favoriser le développement dans la région.
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer