Mohamed Boussaid a profité de la conférence de présentation des indicateurs macroéconomiques de 2017 pour apporter des précisions sur la réforme des changes, les critiques de la Cour des comptes, ou encore l’imposition des produits turcs.
La réforme du régime de change est bien passée
Boussaid a profité de cette conférence de presse pour apporter des précisions sur plusieurs sujets, dont celui de la réforme du régime de change, entrée en vigueur début 2018. « Le marché a rendu son verdict. Il a accepté la réforme et a bien réagi », insiste-t-il.
Le ministre en veut pour preuve la courbe d’évolution de la valeur du dirham avant et après l’élargissement de sa bande de fluctuation. « La valeur théorique du dirham est restée alignée sur la valeur réelle. L’évolution est restée cantonnée dans la bande de +/- 0,3%, malgré le passage à une bande de 5% », explique-t-il.
Mohamed Boussaid est également revenu sur la baisse des réserves de devises, l’une des causes du report de la réforme à 2018. À l’époque des faits, le gouverneur de Bank Al Maghrib avait pointé du doigt le rôle des banques dans cette baisse rapide et dangereuse des réserves internationales.
En trois mois, les réserves avaient chuté de 38 milliards de dirhams, passant de 242 à 204 milliards de dirhams. Abdellatif Jouahri avait annoncé l’ouverture d’une enquête de l’Office des changes pour établir les responsabilités et déterminer s’il y avait eu des opérations de spéculation contre le dirham.
Pour la première fois, Mohamed Boussaid a livré quelques détails sur cette enquête. « Selon les premières données, en grande partie, ce qui s’est passé durant cette période est relatif au comportement des opérateurs économiques qui n’avaient pas de visibilité« , avance-t-il. Il ajoute que « ce n’est pas de la spéculation, car dans notre pays, les instruments de couverture des changes sont réglementés« .
Mohamed Boussaid nuance les soupçons de spéculation qui ont pesé sur le secteur bancaire depuis. Pour le ministre, ceux qui ont souscrit aux couvertures à cette époque ont perdu leur argent, car depuis « la valeur du dirham s’est appréciée« .
Les comptes de l’État sont bons
« Ne faites pas dire à la Cour des comptes ce qu’elle n’a jamais dit« , a prévenu Boussaid, interpellé par les médias sur les critiques de l’institution présidée par Driss Jettou concernant les comptes de l’État.
« La Cour des comptes n’a jamais dit que les comptes de l’État ne sont pas bien faits, mais qu’il y a un certain nombre d’informations complémentaires qu’il faut ajouter« , explique le ministre. Une allusion au fait que l’instance de Driss Jettou demande d’intégrer les dettes et arriérés de paiement au calcul du déficit.
« Si on intègre les dettes latentes, il faut aussi qu’on prenne en compte les créances à recouvrer pour respecter la logique« , explique Boussaid
« Dans le cadre de l’article 4, le FMI passe au crible nos comptes, nous avons intégré les normes spéciales de diffusion des statistiques, nous avons la note A dans le programme de la Banque mondiale pour l’évaluation de la gestion des finances publiques ( …) La Cour des comptes nous a simplement demandé d’ajouter des informations en annexe. Elle nous a aussi demandé de prendre en compte les charges sociales des fonctionnaires. Elle a raison, et on l’a dit avant eux d’ailleurs. Ce point est inscrit au niveau de la loi organique des finances qui s’appliquera à partir de l’année prochaine ».
Mohamed Boussaid
Le Maroc défendra ses intérêts
Au sujet des mesures appliquées aux importations de textiles turcs, Mohamed Boussaid a envoyé un message clair: « le Maroc est un pays ouvert, doté de 55 accords de libre-échange, et engagé à respecter ses engagements. Mais le Maroc n’hésitera pas une seconde à utiliser tous les outils réglementaires et légaux pour défendre ses intérêts économiques face à la concurrence déloyale ». Et d’insister : « nous n’avons aucun problème avec la Turquie. La politique n’est pas concernée par ce dossier. C’est purement économique« .
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