Salut à vous, les amis. C’est un plaisir de vous retrouver ici, prêts à entamer une nouvelle année avec Zakaria Boualem, la dix-septième figurez-vous. Dans une contrée moins délirante, il aurait sans doute déposé la plume depuis longtemps, après avoir dit ce qu’il avait à dire. Mais ce n’est pas le cas chez nous : nous avons une telle production collective qu’il est impossible de ne pas continuer à la commenter, cette page s’écrit toute seule al hamdoulillah. Le Guercifi est donc prêt à attaquer 2018 avec panache, souple sur ses appuis et l’œil vif, et va sans plus attendre vous présenter ses vœux, comme le veut la coutume, et merci.
Pour commencer, il voudrait souhaiter à nos glorieux dirigeants une bonne dose de patience, de courage et de lucidité. Parce qu’il est bien possible qu’ils se retrouvent avec une masse considérable de gens grognons à calmer. Al Hoceïma, Zagora, Jerada… vous connaissez déjà la liste. A intervalles désormais réguliers, il se trouve des cohortes de locataires du MarocModerne qui estiment nécessaire de manifester dans l’espace public leur scepticisme à l’égard des avancées pourtant spectaculaires que nous réalisons. Ils réclament une foule de choses sans le moindre égard pour les efforts déjà réalisés : des écoles, des hôpitaux, de l’eau potable, du travail, etc. Jusqu’ici, l’affaire a été gérée avec ce savant mélange de promesses et de zerouata qui est une véritable expertise chez nous, il faut le reconnaître. On peut donc souhaiter pour 2018 de trouver de nouvelles solutions, ce ne serait pas du luxe. Bien entendu, il y aurait eu l’option de développer le Maroc autour du concept classique du bien-être de ses habitants, mais elle n’a pas été retenue, allez savoir pourquoi.
Zakaria Boualem voudrait souhaiter également à ses compatriotes un moral d’acier. Car nous avons de grands défis à relever, c’est incontestable. Il nous faut trouver ensemble un nouveau modèle économique, décider de la place de l’arabe, du berbère, de l’anglais et du français et de la darija dans notre système, conquérir l’Afrique, réformer l’administration, achever notre virage écologique, et pour terminer en beauté organiser la Coupe du Monde 2026 avec 48 équipes. Le tout en conservant la stabilité prodigieuse que le reste du monde nous envie. C’est beaucoup, il ne faut pas avoir peur de le dire. Nous n’y arriverons sans doute pas si nous continuons à manifester cet état d’esprit geignard qui nous caractérise depuis quelques années. Car oui, nous avons sombré collectivement dans les eaux boueuses de la désillusion, et nous y avons trouvé une sorte de bien-être. Nous nous y complaisons à grands coups de ricanements sarcastiques. Il faut relever la tête, les amis, cesser de considérer que tout est immuable, voici les vœux du Boualem pour la nouvelle année.
Ce qui nous amène naturellement au vœu suivant : il nous faut gagner la Coupe du Monde, tout simplement. Tant qu’à demander, autant la demander grande, c’est une expression pleine de sagesse. Nous avons construit un pays où chacun vit de son côté, entouré de gens qui lui ressemblent économiquement et culturellement, la seule chose en commun étant la recherche d’un passeport un peu classe en guise de solution de repli. Ceux qui ont la tête hors de l’eau se méfient comme de la peste du petit peuple, qui les considère de son côté comme un troupeau de voleurs. C’est intenable. Une victoire en finale, imaginez un peu, contre une Argentine assommée à la dernière minute par un raid glorieux du brave Amrabat, et nous voilà enfin rassemblés, unis et fraternels. Prêts à fonder un empire, la tête haute et des bisous pleins la bouche. Voilà donc les vœux 2018, c’est parti pour une nouvelle saison, et merci