Les islamistes nous ont encore une fois donné une leçon de démocratie interne. Déchirés entre deux courants, les “frères” ont réussi à mener leur congrès à bout, élire un nouveau secrétaire général et une nouvelle direction. On est à mille lieues de la bataille des assiettes de l’Istiqlal ou des congrès arrangés, indolores et incolores, de certains partis. Le conflit, les islamistes ont montré qu’ils savent le gérer. De la manière la plus démocratique. Et dans le respect de leurs lois internes. C’est cela leur force. Le résultat peut décevoir. Mais il a été décidé en toute liberté, longuement débattu et tranché finalement par les urnes.
Et tout le monde aujourd’hui, à commencer par le grand perdant de ce congrès, Abdelilah Benkirane, le respecte. Benkirane, justement, est pour beaucoup dans ce succès. Blessé, voire humilié par ses compagnons de route, il a su prendre de la hauteur, mettre un peu d’eau dans son thé, gardant en tête l’essentiel : l’unité de son parti et le respect de ses institutions. Dans l’histoire politique du Maroc, peu de leaders ont été capables de pareille prouesse, préférant souvent brûler le navire avant de le quitter. Il sort pour cela grandi de ce congrès. Et maintient un capital sympathie auprès de ses bases, mais aussi en haut lieu, qui lui sera fort utile quand l’heure du retour sonnera.