Ce soir, tu es d’humeur aventurière. Tu sors. Non, tu ne sors pas loin de ta zone de confort, ça jamais ! Mais tu sors avec de nouveaux potes. Eh oui, même dans ton aquarium doré, il est encore possible de se faire de nouveaux potes, de découvrir un nouveau groupe. Certes, tu ne les découvres pas vraiment : la moitié était dans le même lycée que toi, et tu as au moins un ex en commun avec chacune des filles, mais ça reste quand même un groupe que tu n’as jamais fréquenté. Bien évidemment que ce n’est pas vraiment rendez-vous en terre inconnue, mais c’est tout de même un peu de nouveauté dans ta vie rarement surprenante. Du coup, pour l’occasion, tu mets une veste en couleur. Ça aussi, ça te change de ton uniforme de soirée. Une de tes nouvelles copines passe te prendre et vous allez rejoindre “les autres” dans un des endroits à la mode du moment.
Il y a forcément des têtes que tu connais, des sourires que tu fais et des bises que tu distribues. Des “Comment tu vas ?”, “Alors quoi de neuf ?”, “Tu fais quoi pour les fêtes ? Tu pars un peu ?”, auxquels tu réponds. Jusque-là, rien de nouveau : juste un samedi soir, un de plus, sur ta planète, perchée sur tes talons trop hauts. Vous rejoignez votre table. Ta nouvelle bande de potes a l’air sympa et festive. Les verres se lèvent, les rires se font entendre. Tu salues ton nouveau petit monde. Tu remarques un visage que tu n’as jamais vu, un garçon. Effet de nouveauté ou réelle attirance ? L’alcool ne t’aidera pas à répondre mais tu crois bien qu’il te plaît un petit peu. Tu te mêles aux discussions. Entre la pluie qui se fait trop rare, les plans pour le réveillon, les retraites yoga et le who’s who des couplesinfidèles, il y en a des choses à commenter. Les discussions s’enchaînent, les verres aussi. Le garçon inconnu et toi échangez quelques regards timides. La soirée avance. La musique augmente. Ta tête commence à tourner. Son sourire commence à te plaire. Tu sens bien que tu ne le laisses pas indifférent. Il te regarde avec ses yeux qui t’envisagent. Tu te sens jolie. Il se rapproche. Il dit quelques mots. Tu réponds en faisant la moue. Tu connais les règles, tu as souvent joué.
Tu sors une clope et attends qu’il sorte son briquet. Tu essayes de tester la galanterie primaire en milieu urbain et bruyant. Lui aussi connaît les règles. Tu vas aux chiottes. Ton rouge à lèvres est comme toi, il ne tient pas ses promesses. Tu en remets une couche. Vous commencez à danser. Et là, tout se passe comme prévu. Tu minaudes. Il en fait trop. Vous échangez vos numé- ros. Il dit qu’il a très envie de te revoir. Tu dis que toi aussi. Il est minuit. Tu décides de rentrer. Tu n’es pas Cendrillon, tu as juste trop bu et tu n’as pas envie de faire de bêtises. Tu commandes un Uber pour rentrer. Les lumières de la ville défilent tristement. Ça n’a rien de cinématographique. Un gamin fait la manche. Une pute fait le trottoir. Un chauffeur de taxi fume une clope. Tu sors ton téléphone et, par réflexe, tu check le Facebook de l’inconnu. Vous avez cinquante-sept amis en commun dont une très bonne pote. Tu envoies un Whatsapp pour demander le dossier du potentiel prince charmant. Et là, le couperet tombe. Il est coureur de jupons et fils à maman. Bref, c’est comme souvent. Tu ne le reverras pas forcément, mais tu y as cru pendant presque toute une soirée. C’est déjà ça, en attendant la suite