TelQuel a consacré, depuis sa création, plusieurs dossiers et articles à Mehdi Ben Barka. Pour raconter son histoire, la grande et la petite, enquêter sur les conditions de sa disparition et exiger la vérité sur cette affaire. Une ligne que nous défendons jusqu’à aujourd’hui. Mais, une fois tout cela dit, peut-on discuter des idées que portait le fondateur de l’UNFP ? Challenger son projet politique à la lumière du devenir des pays qui ont adopté son idéal socialiste, altermondialiste ? Visiblement, non. Mehdi Ben Barka est devenu une ligne rouge. Un tabou. Dès lors qu’on ose l’exercice de la critique rationnelle du personnage historique qu’il est, c’est le branle-bas de combat dans les milieux gauchistes, dont certains ont fait de cette figure nationaliste un fonds de commerce.
C’est ce qui est arrivé à notre chroniqueur, Omar Saghi, qui s’est risqué à cet exercice dans nos colonnes, partant du postulat que Mehdi Ben Barka est un sujet d’histoire comme un autre. Pétitions, insultes, inquisitions… une réaction totalitaire dans un camp qui se dit pourtant attaché aux débats d’idées, aux valeurs de liberté d’opinion et d’expression.
TelQuel, nos lecteurs le savent, a souvent été très critique envers le personnage historique qu’est Hassan II. Mais jamais un de ses fils, un membre de sa famille ou un des hommes du Makhzen n’a pris son téléphone pour nous dicter quoi que ce soit, ou fait circuler de pétition pour condamner le magazine. Comme quoi, la censure, la dictature des idées, ne vient pas toujours de là où on l’attend.