Le béni-oui-ouisme s’est tellement emparé de nous que l’on trouve courageuses les récentes sorties d’Ismaïl Alaoui. Le patriarche du PPS ne dit pourtant rien d’extraordinaire ou de subversif. Il dit ce qu’il pense des limogeages royaux, défend les ministres de son parti, s’interroge sur la pertinence de Manarat Al Moutawassit, son timing, les procédures de sa conception… Il questionne une politique publique et critique une décision politique, comme le ferait n’importe quel responsable sous des cieux plus cléments.
Et il est le seul à le faire, quand bien même d’autres, et ils sont nombreux, pensent la même chose, vous gavent d’analyses en off, mais n’osent pas piper mot dès qu’il s’agit de passer on the record. Ceux-là ont peut-être peur pour leur carrière, pour leurs relations, mais ils ne rendent pas service au pays. Ni à la monarchie, qu’ils disent vouloir préserver par leur silence.
Nous méritons mieux. Et attendons toujours des réponses à certaines questions restées en suspens après le zilzal politique. Comme celles liées à l’élaboration du programme Manarat Al Moutawassit. Jusque-là, personne ne sait comment ce projet a été concocté ni l’identité de son concepteur ? Personne ne nous a expliqué pourquoi ce programme qui engage une dizaine de départements ministériels et 6,5 milliards de dirhams d’argent public n’est pas passé par les filets de la primature, ni discuté en Conseil de gouvernement ? Des questions que la Cour de Driss Jettou a (volontairement ?) esquivées, alors qu’elles sont le nœud du problème. Les bons comptes font les bons amis. C’est cela la vraie reddition des comptes.