Ce qu'il faut retenir de la tournée de Horst Köhler dans la région

Maroc, Algérie, Mauritanie. Pour sa première tournée dans la région, l'envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara a rencontré les différents acteurs, afin de "propulser le dynamisme dans les négociations".

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Sous l'égide de Horst Köhler, des pourparlers entre les parties au conflit ont pu être organisés. Crédit: AFP PHOTO / RYAD KRAMDI

L’itinéraire était connu d’avance et a été suivi de façon très discrète par l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara. Très peu de sorties médiatiques ont été effectuées le long du trajet de l’ancien président allemand Horst Köhler, de Rabat à Nouakchott entre le 15 et le 23 octobre. « Une mise en retrait médiatique de l’envoyé spécial demandée par le Maroc« , selon nos informations.

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L’objectif de cette tournée était de « propulser le dynamisme dans les négociations entre les parties« , selon la MAP. « L’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara doit aller sur place et recueillir les doléances et positions des intéressés, c’est normal d’être à leur écoute pour amorcer un processus« , analyse Khadija Mohsen Finan, politologue spécialiste du Maghreb et enseignante à l’université Paris I.

Quatre étapes

D’abord arrivé au Maroc le 15 octobre, Horst Köhler a été reçu le 17 octobre par Mohammed VI à Rabat. La veille, il avait eu des « réunions de travail » avec Nasser Bourita, ainsi que des diplomates espagnols, français, britanniques, américains, russes et allemands, selon l’agence de presse espagnole EFE.

Le 18 octobre, Horst Köhler s’est ensuite rendu dans les camps de Tindouf, où il a pris contact pour la première fois sur le terrain avec les habitants. Lors de cette visite, il a assuré qu’il n’avait pas « une baguette magique« , mais qu’il allait déployer « tous ses efforts » pour sortir le conflit de l’impasse. 

Deux jours plus tard, il s’est rendu à Alger où il a rencontré le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia. Une réunion à laquelle a aussi « assisté le ministre d’Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a expliqué l’office du Premier ministre dans un simple communiqué qui n’a pas donné plus de détails« , selon l’agence espagnole.

On se rappelle qu’au cours de la même semaine, Messahel avait accusé les banques marocaines « de blanchir l’argent du haschisch » en Afrique. « Il n’est pas à exclure que ces propos aient un lien avec la visite de l’envoyé spécial du SG dans la région. Une manière pour l’Algérie de réaffirmer sa position, d’afficher un contentieux avec le Maroc qui est encore d’actualité et qui ne se confond pas avec le conflit du Sahara, ce dernier n’étant qu’un point de cristallisation de la mésentente entre Alger et Rabat« , analyse Khadija Mohsen Finan. Le 23 octobre, Köhler s’est finalement rendu en Mauritanie où il a rencontré le président Abdelaziz.

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Vers une nouvelle dynamique ?

« En ce qui concerne la visite à Nouakchott, elle semble correspondre à la manière dont Antonio Guterres souhaite procéder. Il a dit clairement dans son rapport, publié en avril, qu’il souhaitait associer d’autres parties à la recherche d’une solution. La Mauritanie est un pays limitrophe, associé au conflit jusqu’en 1979, il n’est pas étonnant que l’ONU en consulte les représentants. Cela permet aussi de sortir d’un tête à tête Maroc-Front Polisario et de consulter des États qui sans être directement concernés par le conflit, trouvent un intérêt à sa résolution, c’est le cas de la Tunisie par exemple, même si le SG ne cite pas nommément ce pays« , poursuit Khadija Mohsen Finan.

En effet, Antonio Guterres avait annoncé dans son rapport publié le 10 avril son intention « de relancer le processus de négociation avec une nouvelle dynamique » tout en précisant que « l’Algérie et la Mauritanie, en tant que pays voisins, doivent contribuer à ce processus« .

Ce rapport annonçait aussi la démission de Christopher Ross, précédent envoyé spécial de l’ONU qui avait rompu tout contact avec le terrain. « Guterres évoque l’esprit de compromis qui signifie que chacun des belligérants se doit de faire des concessions pour sortir du conflit. Cela est d’autant plus nécessaire qu’il n’y a ni vainqueur ni vaincu dans ce conflit qui date de 1975« , explique Khadija Mohsen Finan.

Reste à savoir si cet espoir de « nouvelle dynamique » lancée par le secrétaire général de l’ONU ressortira dans le premier rapport que devrait rendre Kölher dans « un délai de six mois« , selon EFE.

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