La rumeur a finalement été confirmée et la 7e édition de la Biennale de Marrakech ne se tiendra pas comme prévu en février prochain, la faute à un déficit de 2,5 millions de dirhams qui plombe la plus grande manifestation d’art contemporain au Maroc. « Nous n’avons pas réussi à combler notre déficit, car nous avons d’importants frais de production notamment contre beaucoup de désistements de sponsors« , nous déclare Amine Kabbaj, président exécutif de la Biennale.
Comment une institution d’apparence solide a pu en arriver là ? Le Monde Afrique pointe du doigt une mauvaise gestion et de l’argent englouti dans « les soirées privées« . Citant Yasmina Naji, fondatrice de la galerie r’batie Kulte, le média français écrit: « C’est une Biennale qui a été faite pour les étrangers et non pour les Marocains (…) Beaucoup d’argent a été dépensé dans des événements festifs, des soirées privées, et très peu dans la production d’œuvres. La Biennale a été mal gérée« .
Ce à quoi Amine Kabbaj répond : « Dans les moments difficiles, je ne comprends pas pourquoi on estime judicieux de se taper dessus. La critique est facile. Quand ils parlent d’argent gaspillé dans de grands diners, il faut savoir que ces événements ont été gracieusement offerts par nos sponsors« .
La biennale avait aussi une réputation « de mauvais payeur« , nous confie un professionnel d’art contemporain ayant requis l’anonymat. « Il est vrai que plusieurs de nos prestataires n’ont pas été payés faute de moyens que nous n’avons nous-même pas reçus », concède Amine Kabbaj. En tout, une vingtaine de personnes avec « de gros et petits cachets » sont concernées, d’après la même source.
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En 2016 déjà, la 6e édition de la Biennale, plutôt réussie, a nécessité la mise en place d’un comité de soutien présidé par Aziz Mekouar, diplomate et ambassadeur pour la négociation multilatérale au sein du Comité de pilotage de la COP22. L’équipe a réussi à lever 9 millions de dirhams. « Nous avons réussi à relever le défi et la Biennale a eu un énorme succès que ce soit au niveau national et surtout international« , se souvient Aziz Mekouar.
Le diplomate nous révèle que cette 7e édition aurait nécessité « un budget de 12 millions de dirhams« . L’équipe de la Biennale n’a pu compter sur son soutien cette fois, faute de temps. « Ce n’est qu’une partie remise« , promet-il.
Pour sa part, le président exécutif de la manifestation nous précise que « la Biennale n’est pas une exposition. On se bat depuis plusieurs années pour mettre en place un vrai espace culturel dédié à tout le monde. J’admets mes erreurs, mais on doit penser aux générations futures et la Biennale ne peut être qu’un vecteur pour eux« . Si des négociations pour lever des fonds sont en cours, Amine Kabbaj espère déjà revenir « plus fort en 2020« .
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