Pour mettre fin à « l’indignité » de la situation des porteuses de marchandise qui transitent quotidiennement par Sebta, l’Observatoire du Nord des droits de l’Homme (ONDH) réclame la fermeture définitive du poste de Tarajal II.
Habituées aux va-et-vient transfrontaliers, Touria et Karima n’imaginaient probablement pas que ce voyage serait sans retour. Les deux femmes, respectivement âgées de 34 et 45 ans, originaires de Kénitra et Chefchaouen, n’ont pas survécu à la violente bousculade qui s’est produite ce lundi matin très tôt, au niveau du poste-frontière de Tarajal II. Quatre autres transporteuses ont été blessées. Soignées à temps, elles ont déjà été autorisées à quitter l’hôpital Hassan II de Fnideq.
Ces mouvements de foule sont de plus en plus fréquents, depuis que les autorités espagnoles ont réduit, en février dernier, le nombre de laissez-passer journaliers à 4.000. Or, selon Mohamed Benaïssa, président de l’Observatoire du Nord pour les droits de l’Homme (ONDH), plus de 10.000 Marocaines se présenteraient chaque jour pour profiter de l’espace détaxé de l’enclave espagnole. Les premières arrivées étant les premières servies, tous les coups sont permis pour décrocher l’un des précieux tickets.
« Cette situation alimente l’indignité humaine », s’insurge Mohamed Benaïssa. « C’est pourquoi nous demandons aux autorités de fermer définitivement ce passage, et de créer des emplois pour qu’elles puissent trouver du travail dans un autre secteur », suggère-t-il.
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En mars et en avril 2017, deux convoyeuses avaient déjà trouvé la mort dans la zone frontalière. La première, Souad El Khatibi (22 ans), est décédée des séquelles d’un œdème aigu du poumon. La seconde, quinquagénaire, s’est évanouie après avoir été piétinée devant l’une des portes. Le procureur général de Tétouan a ouvert plusieurs enquêtes. Elles n’ont pas abouti pour le moment.
En réaction à cette situation, l’Association andalouse des droits de l’homme (APDHA) a écrit au Parlement espagnol pour alerter sur des conditions de travail « absolument dégradantes« . Les porteuses attendent « pendant des heures sous le soleil, sans eau potable, ni toilettes ni abris« , dénonçait le comité ibérique, évoquant un « harcèlement quotidien », y compris « sexuel« , par les forces de sécurité.
Début août, le poste-frontière de Tarajal II avait été fermé au trafic commercial pendant une semaine, suite aux assauts répétés de migrants pour pénétrer dans le préside européen. Une décision très préjudiciable économiquement : selon l’ONDH, 500 millions de dollars de marchandises transitent annuellement par Bab Sebta.
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