Uber vs taxis: les usagers en colère en appellent aux autorités

"Anarchie" des taxis, agressions de chauffeurs Uber... des usagers interpellent le Ministère du Transport et la wilaya de Casablanca dans une pétition citoyenne qui a déjà dépassé les 1.500 signatures.

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Guet-apens tendu à un Uber par des chauffeurs de taxi à Casablanca. (Archives). Crédit: DR

Depuis 2 ans que le géant américain des voitures de transport avec chauffeur (VTC) s’est installé à Casablanca, la guerre avec les taxis casablancais ne cesse de prendre de l’ampleur. Alors que les agressions de chauffeurs Uber émaillent régulièrement l’actualité depuis plus d’un an, la dernière en date a été relayée le 14 août sur les réseaux sociaux à travers une vidéo où l’on voit un chauffeur VTC se faire piéger dans une ruelle de la corniche de Casablanca avant de se faire violemment agresser par les trois autres chauffeurs de taxi.

C’est une usagère régulière d’Uber qui, « exaspérée par ces problèmes, a décidé suite à la dernière agression de lancer la pétition », nous explique Meryem Belqziz, directrice générale d’Uber Maroc, qui affirme qu’elle n’est pas à l’initiative de cette pétition. Le chauffeur agressé est quant à lui en train de constituer un dossier pour porter plainte, nous rapporte la responsable, qui ne souhaite pas s’exprimer davantage sur le sujet.

« Nous n’en pouvons plus de devoir négocier avec ces mafieux »

La pétition citoyenne, publiée depuis le 18 août sur le site « avaaz.org », interpelle le ministre des Transports Abdelkader Amara et le Wali de Casablanca Abdelkbir Zahoud en ces termes: « Nous, Casablancais, sommes désormais dépossédés de notre droit à circuler et à être transportés librement et en toute sécurité dans le Royaume. Par votre passivité, votre attentisme et votre immobilisme, vous avez laissé la ville à l’abandon, livrée à une anarchie sans précédent« .

Le texte dénonce notamment les pratiques des chauffeurs taxis consistant à refuser un client alors qu’ils sont libres, à ne pas transporter le client jusqu’à sa destination finale, à fixer des prix arbitraires sans déclencher le compteur ou encore à mettre en danger la sécurité des usagers par une conduite dangereuse et irresponsable.

Elle s’en prend tout particulièrement au « zoo qui s’est mis en place à la sortie des gares et des aéroports », où les taxis, au lieu de faire la queue pour prendre en charge les clients, « se jettent sur vous en meute en criant leur destination« . « Nous n’en pouvons plus de devoir négocier avec ces mafieux pour nous mener à bon port« , poursuit la pétition.

Concernant Uber, la pétition citoyenne appelle à « légiférer au plus vite sur le vide juridique« , rappelant les agressions subies par les chauffeurs et les accidents de la route provoqués « par la faute du jeu dangereux imposé par les taxis« . « Attendez-vous qu’il y ait des morts ?« , interrogent les auteurs de la pétition.

Un brin corporate, les citoyens signataires demandent aux responsables politiques « d’assurer le bon déploiement d’Uber sur le territoire de la ville et de garantir la sécurité de ses propres chauffeurs qui veulent avant tout travailler ».

Uber demande « un dialogue sur le plan législatif »

Pour Meryem Belqziz, qui nous confie avoir découvert la pétition « en même temps que tout le monde« , il s’agit d’une « très bonne initiative« . Selon elle, « une législation en la matière pourrait permettre à tous de travailler en toute sérénité. Nous avons des propositions de loi très concrètes et les choses pourraient être appliquées de manière très rapide, sur le modèle de ce qui fonctionne déjà en Arabie Saoudite, en Jordanie et en Égypte notamment« .

L’entreprise américaine, qui compte aujourd’hui 450 chauffeurs et ambitionne de s’étendre à d’autres villes du Royaume, met en avant sa « forte valeur ajoutée pour les touristes« , et voudrait même mettre en place une collaboration avec l’État dans d’autres domaines, « notamment sur le digital ». « Si Uber fonctionne bien, cela peut également être un outil pour combattre le chômage chez les jeunes », avance la directrice générale.

Interrogée sur les accusations de concurrence déloyale dont se plaignent les taxis, elle explique que « le service Uber est plus cher, il ne s’adresse pas à la même clientèle. Le citoyen marocain veut un transport fiable, sécurisé et à un prix transparent ».

Contacté par nos soins, le wali de Casablanca  Abdelkbir Zahoud déclare que la pétition est actuellement examinée par les services de la wilaya. « Notre mission est d’améliorer les prestations au public, mais il faut le faire dans un cadre légal. a ma connaissance, la société Uber n’est pas encore autorisée« , explique-t-il. De son côté, Abdelkader Amara l’autre destinataire de la pétition, n’a toujours pas réagi à cette initiative citoyenne.

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