Décès de Menouar Alem, architecte de la relation Maroc/UE

Ambassadeur du Maroc en Turquie, Menouar Alem est décédé le 31 juillet, à 62 ans. Le Maroc perd une véritable "cheville ouvrière" de ses rapports avec l'Union européenne.

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Le Maroc vient de perdre l’un des architectes de ses liens avec l’Union européenne. Menouar Alem, ambassadeur du Royaume en Turquie, s’est éteint ce lundi 31 juillet à l’âge de 62 ans, emporté par un cancer.

Il avait été nommé par le roi Mohammed VI au mois d’octobre 2016 après 12 années passées au sein de la mission diplomatique du Maroc auprès de l’Union européenne à Bruxelles. Un poste où il a contribué au rapprochement entre le royaume et les 28 et où ses réalisations sont nombreuses.

Fin connaisseur de l’UE

Quatre ans après avoir atterri dans la capitale belge, Menouar Alem voit se débloquer l’un des premiers dossiers dont il est chargé: l’obtention du statut avancé accordé au Maroc par l’Union européenne en 2008. Une réalisation exceptionnelle pour l’époque, car le Maroc est le premier pays non européen à obtenir ce statut qui a notamment permis de signer des accords de libre-échange entre le Maroc et les 28. Parmi eux, l’accord de pêche.

Alors que le royaume et l’UE souhaitent proroger cet accord en 2011, les deux parties essuient un refus du parlement européen qui rejette le texte. « C’est le moment où Menouar Alem est intervenu. Il a immédiatement identifié les parlementaires qui pouvaient permettre de faire pencher la balance en notre faveur. C’est dans ces moments-là que l’on reconnait un véritable diplomate. Il connaissait à la fois les instances, mais aussi les hommes« , se souvient Gilles Pargneaux, président du groupe d’amitié Maroc-UE à Strasbourg. Près d’un an plus tard, l’accord est paraphé à Rabat.

Un pédagogue de la diplomatie

Au crédit de Menouar Alem, également, l’accord agricole entre le Maroc et l’Union européenne. L’importance de cet accord pour les deux parties n’est plus à prouver comme en témoignent les récentes discussions entre le Maroc et l’UE suite à la décision de la Cour de justice de l’UE du 21 décembre. Durant le procès opposant le Conseil de l’UE et le Polisario, le diplomate abordait, de manière officieuse, le dossier en expliquant ses tenants et aboutissants avec un ton pédagogue.

Il faisait preuve de cette même pédagogie avec ses collaborateurs « en déléguant énormément« , afin de leur permettre de « se mettre en valeur« , nous confie l’un d’entre eux. À Bruxelles, « sa trace est encore présente » dans la mission diplomatique marocaine auprès de l’UE qui a reçu de « nombreux messages de condoléances de la part de hauts responsables européens » adressés à une communauté diplomatique marocaine attristée, mais également à sa femme et ses trois enfants.

Un grand humain

Avant d’occuper ses fonctions à Bruxelles, Menouar Alem était à la tête de la Direction Europe au sein du ministère des Affaires étrangères. Ce spécialiste de l’Europe a auparavant occupé la fonction d’ambassadeur du Maroc au Danemark et était membre du cabinet d’Abdellatif Filali, lorsque celui-ci était ministre des Affaires étrangères.

Humainement, les avis sont unanimes. Tous ceux qui ont côtoyé Menouar Alem se souviennent d’un homme d’une « gentillesse infinie » qui a toujours privilégié « l’humain » et savait toujours mettre à l’aise ses interlocuteurs marocains ou étrangers.

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