« Ces étrangers en séjour irrégulier amènent le crime, la drogue et plusieurs autres fléaux« , a-t-il lancé le 8 juillet, au micro de la télévision privée Ennahar TV, M.Ouyahia, directeur de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika avec rang de ministre d’Etat.
« Ces gens-là sont venus de manière illégale (…) On ne dit pas aux autorités ‘jetez ces migrants à la mer ou au-delà des déserts’, mais le séjour en Algérie doit obéir à des règles« , a ajouté Ouyahia, également patron du Rassemblement national démocratique (RND), deuxième force politique algérienne et allié crucial du Front de libération nationale (FLN) de Bouteflika.
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Le gouvernement algérien a en effet annoncé son intention d’élaborer une loi sur le droit d’asile en Algérie. Le pays ne dispose pas de législation sur les réfugiés bien qu’elle ait signé les principales conventions internationales en la matière
Les migrants en situation irrégulière en Algérie – essentiellement des Subsahariens estimés à environ 100.000 par les ONG – vivent hors de tout cadre juridique et dans des conditions le plus souvent extrêmement difficiles, souvent exploités par des patrons indélicats.
Selon le quotidien algérien El-Khabar, le ministre de l’Intérieur Nourredine Bedoui a présenté durant la semaine au gouvernement les grandes lignes du projet sur les migrants: lancement d’un recensement et délivrance de permis de travail dans les secteurs manquant de main d’oeuvre tels que les travaux publics, l’agriculture ou la pêche.
Le 19 juin, M. Bedoui avait affirmé que l’Algérie considérait « ces réfugiés, venant de pays en butte à des conditions difficiles, comme des invités qu’il faut prendre en charge au plan médical, social et psychologique ».
Ce même jour, avait fleuri sur les réseaux sociaux un hashtag en arabe signifiant « Non aux Africains en Algérie », suscitant un vif émoi sur internet et dans la presse.
« Ahmed Ouyahia verse dans le discours raciste », s’est de nouveau indigné dimanche le site d’information en ligne TSA (Tout sur l’Algérie), dénonçant des « propos d’une extrême gravité », un « raccourci xénophobe » et « un discours à teneur haineuse ».
Sur Facebook, Mohamed Sidoumou, journaliste à El-Khabar, a surnommé le directeur de cabinet présidentiel « Jean-Marie Ouyahia », en référence à Jean-Marie Le Pen, chef historique de l’extrême droite française, haï en Algérie pour son rôle au sein de l’armée française durant la guerre d’indépendance.
Signe qu’il ne s’agit pas d’un dérapage, le RND a indiqué assumer les propos de son chef et accusé de nouveau les migrants d’être « devenus ces derniers temps une source pour tous les types de crimes ».
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