Zéro ministre. Zéro chef de grande entreprise. Emmanuel Macron était au Maroc les 14 et 15 juin pour une visite d’ »amitié et de travail » – dans cet ordre pour les Affaires étrangères marocaines. Une visite très personnelle, voire familiale, à l’image du ftour au cours duquel Mohammed VI, entouré de la famille royale, a reçu Emmanuel et Brigitte Macron dans sa résidence de Dar Essalam. « Une visite à caractère privilégié, à la ressemblance de nos relations, » résume Emmanuel Macron en conférence de presse. Le président français n’était pas pour autant seul lors de ce déplacement. Même réduite, la délégation qui l’accompagnait permet à Emmanuel Macron de « montrer ses centres d’intérêt« , explique Leila Slimani, auteure franco-marocaine récompensée par le Prix Goncourt et associée à cette visite. Les membres de la délégation ont rencontré des membres du gouvernement et des conseillers royaux pendant que les deux chefs d’État étaient en entretien. Ils sont les nouveaux visages, parfois reconduits, de la relation Maroc-France en dehors des canaux diplomatiques.
La garde très rapprochée
Au rang de ses plus proches conseillers, embarqués à bord de l’avion présidentiel, Aurélien Lechevallier et Barbara Frugier.
Issue de la même promotion de l’ENA qu’Emmanuel Macron, Aurélien Lechevallier a été le conseiller diplomatique du nouveau président durant sa campagne, et a été nommé numéro deux de la cellule diplomatique de l’Élysée après son élection. Au Mali, Emmanuel Macron était accompagné de son « Monsieur Afrique », Franck Paris, mais un « marcheur » marocain nous confiait que ce dernier n’était « pas un spécialiste du Maroc« . Durant la campagne, en revanche, Aurélien Lechevallier déclarait à Telquel.ma que « le Maroc a vocation à être un pays pivot de la stratégie » d’Emmanuel Macron en Afrique.
Barbara Frugier, quant à elle, était l’attachée de presse d’Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie (2014-2016). Elle est désormais en charge de la communication internationale.
Protocole oblige, Emmanuel Macron était également accompagné de son chef d’État-major particulier (CEMP), l’amiral Bernard Rogel. Il assiste le président dans son rôle de chef des armées et assure notamment la transmission de l’ordre de tir nucléaire.
Jean-Michel Severino, la casquette coopération
Jean-Michel Severino est un proche d’Emmanuel Macron, ancien vice-président de la Banque mondiale et ancien directeur général de l’Agence française de développement (AFD). Il avait eu l’occasion de se rendre au Maroc dans le cadre de ces fonctions. Il préside désormais Investisseurs et Partenaires, un fonds d’investissement destiné aux PME africaines, axé sur la rentabilité sociale et environnementale. On comprend son rôle dans la délégation lorsqu’Emmanuel Macron déclare devant la presse à Rabat : « Je pense que nous pouvons conduire dans la même direction des politiques africaines qui ne sont pas totalement similaires, mais dont l’objectif et les finalités sont largement partagés : la stabilité politique et démocratique, le développement des sociétés civiles et une croissance soutenable sur le plan environnemental. »
Leila Slimani, ambassadrice bilatérale de la francophonie
Marocaine et Française, Prix Goncourt, officier de l’ordre des Arts et des Lettres, c’est presque naturellement que Leila Slimani est associée à ce genre de rencontre. Elle avait déjà participé, notamment, au déjeuner organisé par François Hollande avec Mohammed VI le 2 mai à l’Élysée, à quelques jours de la fin du mandat du président sortant. L’auteure nous confie que sa présence est « une marque d’amitié » du nouveau président et qu’elle permet d’afficher sa « volonté d’affermir la politique culturelle entre les deux pays » en particulier « par le lien de la langue française« .
Gilles Kepel, la caution intellectuelle sur les questions d’islam
Spécialiste de l’islam, le politologue Gilles Kepel pourrait faire office de caution intellectuelle à Emmanuel Macron sur un sujet dont un « marcheur « marocain nous dit que le président « n’est pas toujours à l’aise« . On sait que de ses années d’études en philosophie, Emmanuel Macron a gardé un goût pour le débat d’idées. Ministre, il avait convié des intellectuels à échanger avec lui, dont Gilles Kepel. En outre, Nicolas Kepel, le fils de Gilles Kepel et résident au Maroc, a été nommé à la tête du comité En Marche Rabat en février dernier par l’ancien référent national d’En Marche au Maroc Hamza Hraoui . Il se tenait à quelques places de son père lors de la conférence de presse de Macron le 14 juin.
Bariza Khiari, l’ennemi juré de Leila Aïchi
Sénatrice socialiste de Paris, franco-algérienne, présidente de l’Institut des cultures d’Islam, elle a été nommée déléguée nationale d’En Marche en octobre 2016. Elle était pressentie pour prendre la tête du ministère de l’Éducation du gouvernement Philippe. Leila Aïchi, la candidate aux législatives initialement investie par l’alliance En Marche/MoDem dans la 9e circonscription de l’étranger, l’accuse d’être à l’origine de la levée de boucliers suscitée par son investiture, car proche de son adversaire également ancien socialiste M’jid El Guerrab.
Ahmed Eddaraz, l’assistant de Brigitte
Après un déplacement de campagne dans le sud de la France l’été dernier, Ahmed Eddaraz (à gauche ci-dessous) devient l’assistant de Brigitte Macron. Il ne la quittera plus d’une semelle. « Il était forcément dans tous les meetings, dans les coulisses, et il s’est rapproché du couple présidentiel à ce moment-là. Il jouait déjà la carte Maroc à fond, même s’il n’avait pas vraiment de statut à ce moment-là, » se souvient un marcheur marocain.
Haïba Ouaissi, le Français wissamisé
Associé dans un cabinet d’avocats parisien, président du Club XXIe siècle qui œuvre pour « faire émerger la société diverse du XXIe Siècle« , Haïba Ouaissi a été décoré par le roi d’un wissam en juillet 2016. Sur le tarmac de l’aéroport de Rabat, il est le seul membre de la délégation française à avoir embrassé l’épaule du roi.
Echanges amicaux et constructifs entre #EmmanuelMacron et le #RoiMohammedVI pour l'avenir des 2 pays et de l'Afrique. @Elysee pic.twitter.com/OM0del5Yew
— Haiba OUAISSI (@HaibaOuaissi) June 15, 2017
Audrey Azoulay, patrimoine des relations franco-marocaines
L’ancienne ministre de la Culture de François Hollande et fille du conseiller royal André Azoulay, Audrey Azoulay ne faisait pas clairement partie de la délégation française, mais a pris la pose avec une partie d’entre eux. Présente au Maroc dans le cadre de sa tournée pour briguer le poste de directrice de l’Unesco, sa candidature est soutenue par Emmanuel Macron.
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer