Longtemps silencieux, Ilyas Elomari, secrétaire général du Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), premier parti d’opposition au parlement, enchaîne depuis quelques jours les sorties au sujet du Hirak. Il était resté loin des radars malgré sa qualité de président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, avant de revenir au-devant de la scène. Le 29 mai, il annonce que sa région organisera un prochain « débat national » consacré au mouvement de contestation du Rif. Une rencontre ouverte à toutes les sensibilités politiques, syndicales et de la société civile. Il a notamment convié le CESE et le CNDH aux débats.
Parallèlement, le patron du PAM enchaîne les sorties médiatiques à travers lesquelles il se dégage de toute responsabilité et renvoie la balle au gouvernement, qui selon lui n’a pas donné suite à ses appels récurrents à accélérer les projets lancés à Al Hoceima, et notamment le plan de développement « Phare de la Méditerranée » de 2015.
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Le silence initial d’Elomari traduit une division au sein du parti sur la position à adopter à l’égard du Hirak, nous révèle une source bien informée au sein du parti au tracteur. Hormis quelques sorties de ses députés à la Chambre des conseillers, le PAM n’a pas émis de communiqué officiel sur la situation à Al Hoceima, où les manifestations persistent depuis le décès en octobre 2016 de Mohcine Fikri, broyé dans un camion-benne après la confiscation de sa marchandise par les autorités.
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En effet, de source interne, l’on apprend que le bureau politique éprouve des difficultés à définir une position officielle à l’égard du Hirak. Ses membres auraient des opinions divergentes sur la situation dans le Rif. Une situation que nous confirme Aziz Benaazzouz, membre du bureau politique du PAM, et président de son groupe parlementaire à la Chambre des conseillers. « Nous avons tenu deux réunions de suite, et nous en prévoyons une troisième réunion dans les prochains jours parce que nous n’avons pas encore terminé les discussions à ce sujet pour sortir un communiqué. Il y a des différends entre nous, mais dans un cadre positif ».
Carton jaune
Les pressions sur les leaders du parti viennent aussi de la part des militants locaux à Al Hoceima, selon des sources concordantes. Plusieurs élus et députés du parti à Al Hoceima ont menacé de démissionner. La raison? « Le chef du gouvernement a accusé nos élus à Al Hoceima d’être responsables des retards accusés dans la mise en oeuvre des projets. C’était humiliant pour eux de voir que le bureau politique reste silencieux », nous confie une source proche d’Ilyas Elomari.
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« J’étais moi-même en colère« , reconnait Aziz Benazzouz. « Il y a eu des discussions tendues entre les élus et le président de la région. Pour nous, si le chef du gouvernement nous tenait pour responsables de la situation là-bas, il fallait alors céder la place aux partis de la majorité s’ils pensaient faire mieux ». Les esprits se sont calmés par la suite, grâce à des initiatives de dirigeants du parti, mais les divisions subsistent.
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