Sur fond de revendications sociales, Al Hoceima attend son plan de développement

Les tensions récurrentes à Al Hoceima ont mis en évidence les retards de mise en oeuvre du Plan de développement de cette localité du Rif et la nécessité de renforcer le tissu économique de la ville et de sa province.

Par

Crédit : Yassine Toumi / TELQUEL

Depuis le décès de Mouhcine Fikri, la province d’Al Hoceima vit au rythme des manifestations et des heurts. Si les manifestants réclament toujours la justice et la lumière sur la mort du grossiste poissonnier, les revendications sont généralement d’ordre social et économique, dans une région fortement touchée par le chômage, l’enclavement et le déclassement économique et social. Leurs revendications avaient d’ailleurs été appuyées par le président de la région, Ilyas El Omari, qui les qualifiait de « légitimes« .

Si les manifestations organisées dans la région sont le plus souvent pacifiques, elles sont parfois émaillées par la violence. La dernière illustration en date remonte au 26 mars, lorsque des manifestants ont mis le feu à une résidence de la police à Imzouren, occasionnant une centaine de blessés dans les rangs des forces de l’ordre, selon différents médias locaux.

Une réunion, présidée le lendemain par le ministre de l’Intérieur, coûtait son poste au gouverneur de la province, rappelé à Rabat. Dans une tentative de conjuguer un volet social avec la réponse sécuritaire, Mohamed Hassad a surtout appelé à l’accélération de la mise en œuvre du plan de développement. Il a notamment invité « l’ensemble des responsables, des instances élues et de la société civile à adhérer à la mobilisation collective pour le développement de la province d’Al Hoceima« .

Le 12 février, il appelait déjà à « l’accélération de la mise en oeuvre du programme de développement d’Al Hoceima » lors d’une réunion à Rabat. Quelques jours plus tôt, c’est son ministre délégué à l’Intérieur, Cherki Draiss, qui appelait à « se pencher sur l’accompagnement des plans de développement […] dans la province« .

Lire aussi: 11 ans après le séisme, 6,5 milliards de dirhams pour Al-Hoceima

Le Plan de développement d’Al Hoceima, intitulé « Manarat Al Moutawassit » (La ville phare de la méditerranée), a été lancé en grande pompe le 17 octobre 2015 devant le roi. L’ambitieux projet, doté d’une enveloppe de 6,5 milliards de dirhams, couvre plusieurs domaines: désenclavement rural, eau, électricité, éducation, santé, équipements sociaux, sportifs et culturels. Cependant, sur le terrain, nombre de ces projets n’ont pas encore démarré, notamment à cause de « problématiques de mobilisation du foncier« , selon des sources locales.

Pour le président de la région, Ilyas El Omari, les retards observés dans la mise en oeuvre du plan « sont à mettre à l’actif du gouvernement. Pour comprendre d’où viennent ces retards, il faut demander au chef du gouvernement, aux départements ministériels concernés, et au wali qui coordonne les projets« . Il ne se prive d’ailleurs pas de rappeler que sa région a honoré ses engagements financiers dans le Plan de développement, soit 60 millions de dirhams pour cet exercice.

Selon le secrétaire général du PAM, la mise en œuvre du plan de développement a « un an de retard« . « On devrait déjà avoir atteint la vitesse de croisière, mais on est en train d’essayer de doubler la cadence pour atteindre l’objectif initial« . Un retard d’autant plus dommageable selon Ilyas El Omari qu' »à Al Hoceima, il y a très peu d’activité. Les usines de poisson ont fermé, même les bateaux de pêche sont allés mouiller du côté de Kénitra. Il faut donner des opportunités aux jeunes de cette région« .

Sur les 6,5 milliards de dirhams prévus en 2015 dans le plan de développement, seuls 10 projets ont pour l’instant été réalisés pour un investissement total de 178 millions de dirhams. Dix autres sont en cours de réalisation pour un montant de 146 millions de dirhams, apprend-on de sources proches du dossier. Les mêmes sources ajoutent que 2017 sera l’année de concrétisation des « projets structurants » du plan. Ces projets d’importance concernent notamment une station de dessalement d’eau de mer et un hôpital, dont la réalisation n’a pas encore débuté.

Cette accélération du plan a également été mise au centre des différentes réunions conduites par le ministre de l’Intérieur. Il a notamment été question « du déblocage ou de la mobilisation des contributions financières des partenaires« . Ilyas El Omari confirme que « 4,7 milliards de dirhams doivent être engagés avant le mois d’octobre. L’argent était là, mais n’avait pas encore été débloqué« , affirme-t-il.

Les projets prévus dans le Plan de développement spatial d’Al-Hoceima

Sur la période 2015-2019, le plan de développement « Al Hoceima, ville phare de la Méditerranée » prévoit 6,5 milliards de dirhams d’investissements. Il porte notamment sur la construction d’un hôpital régional, accompagné d’un centre d’hémodialyse, ainsi que l’équipement d’un centre régional d’oncologie et de cinq centres de santé de proximité. Des équipements culturels et sportifs sont également prévus, avec la construction d’un stade de football, d’une piscine olympique, d’un musée, d’un théâtre et d’un conservatoire.

Un autre volet prévoit l’aménagement des axes routiers à l’entrée de la ville et l’aménagement de l’espace urbain, le désenclavement des territoires ruraux et la construction d’une marina. Le plan envisage aussi la mise à niveau des décharges de la région, et la création d’une station de dessalement de l’eau de mer.[/encadre]

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer