Politique. Pas très convaincus des résultats de l’enquête sur l’affaire Mouhcine Fikri, les activistes d’Al Hoceïma insistent pour présenter toutes les personnes impliquées dans la mort du poissonnier devant la justice. Ils demandent aux autorités de mener des investigations approfondies et, surtout, de divulguer les résultats de l’enquête dans les plus brefs délais. Autre revendication à caractère politique et qui remonte à loin : lever le voile sur l’affaire des cinq personnes retrouvées mortes dans une agence de la Banque Populaire, après les manifestations du 20 février 2011. Dans la foulée, les activistes du Hirak revendiquent la libération de tous les prisonniers politiques du Rif, ainsi que la suspension des poursuites dont font l’objet les petits cultivateurs de cannabis de la région. Last but not least : l’abrogation du dahir de 1958 qui a fait d’Al Hoceïma une zone militaire. Une revendication symbolique, le dahir en question ayant été abrogé dès 1959 par le nouveau découpage administratif du royaume.
Economie. C’est la partie la plus consistante du dossier revendicatif. Ici, les activistes réclament la levée de ce qu’ils appellent le “blocus économique” dont fait l’objet la région, et “la corruption généralisée”, qui entravent le décollage économique de la région, notamment dans le secteur de la pêche. Principal pourvoyeur d’emplois, ce secteur a besoin d’être “structuré”, revendiquentils, et “assaini des puissants lobbies qui le gangrènent”. Pour donner un coup de fouet à l’emploi et absorber le chômage galopant des jeunes, ils demandent ainsi la mise en place d’unités industrielles de transformation de poisson, tout en améliorant la situation sociale des petits pêcheurs qui travaillent, selon eux, “sans la moindre protection sociale”. Idem dans l’agriculture, un secteur au potentiel énorme dans une région considérée comme l’une des plus fertiles du pays, mais où la production agricole est des plus faibles. Ce décollage économique passera en somme, selon le cahier revendicatif, par une meilleure connectivité de la région : relier la province avec une ligne ferroviaire et une autoroute, accélérer le chantier de la route Al Hoceïma-Taza, agrandir l’aéroport Charif Idrissi, et ouvrir de nouvelles lignes aériennes low cost.
Social. Construction d’une université pluridisciplinaire, création d’instituts de formation, élargissement du réseau d’écoles, de collèges et de lycées, l’ouverture de nouvelles sections techniques, scientifiques et de classes prépas… Voici ce que veulent les habitants d’Al Hoceïma. Des revendications logiques et légitimes, un peu communes à toutes les régions du royaume, quand on connaît l’état du secteur de l’éducation dans le pays. Idem dans le secteur de la santé où les activistes demandent à l’Etat la construction d’un hôpital, la création d’un centre d’oncologie, de dispensaires de proximité, ainsi qu’un centre pour handicapés. Une partie de ces revendications est déjà comprise dans le plan de développement de la ville.
Culture. Les meneurs du mouvement n’ont pas omis d’inclure la culture dans leur cahier revendicatif. Ils réclament ainsi la construction d’une bibliothèque provinciale, la création d’un centre culturel, un théâtre, un conservatoire, mais aussi l’achèvement du projet de musée du Rif, porté par le CNDH. Un projet qui avait pris du retard, à cause de “complications administratives”, comme expliqué par le président du Conseil, Driss El Yazami, lors de son passage chez Tijini sur Al Aoula, mardi 16 mai.
Administration. Les militants reprochent beaucoup de choses à l’administration, un peu comme tous les Marocains. Accusant les services administratifs de corruption, et de servir certains lobbies immobiliers, ils revendiquent ainsi l’arrêt immédiat des “expropriations non justifiées au nom de l’intérêt général” et de la “confiscation des terres collectives”. Même chose au niveau du domaine forestier et de ses terres non exploitées qui devraient selon eux revenir à des propriétés privées, et non au département gouvernemental des eaux et forêts (on ne voit pas comment !). Autres revendications : réserver le recrutement dans les services locaux de la fonction publique à des habitants de la région, et l’adoption de l’amazigh comme langue de l’administration locale.
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