« L’heure est venue de quitter l’accord de Paris« , a lancé le président américain dans les jardins de la Maison Blanche dans un long discours parfois confus au cours duquel il a souvent retrouvé les accents d’une campagne électorale menée au son de « L’Amérique d’abord« . « J‘ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris« , a ajouté, sous des applaudissements nourris, le président septuagénaire qui a mis en avant la défense des emplois américains.
L’accord de Paris, conclu fin 2015 et dont son prédécesseur démocrate Barack Obama fut l’un des principaux architectes, vise à à contenir la hausse de la température moyenne mondiale « bien en deçà » de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle. La portée de cette décision va bien au-delà de la question climatique; elle donne une indication sur la place que les Etats-Unis version Donald Trump entendent occuper sur la scène internationale dans les années à venir.
Pour Mitt Romney, candidat républicain à la Maison Blanche en 2012, c’est « la place de l’Amérique comme leader mondial » qui est aussi en jeu. Affichant sa volonté de négocier un « nouvel accord » ou de renégocier l’accord de Paris, Donald Trump est resté extrêmement évasif sur les engagements que les Etats-Unis seraient prêts à prendre dans ce cadre. Assurant que le retrait de son pays n’aurait « pas beaucoup d’impact » sur le climat, il a martelé qu’il ne « voulait rien qui puisse se mettre en travers » de son action pour redresser l’économie de la première puissance mondiale. Les Etats-Unis sont le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre, derrière la Chine.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a dénoncé une décision « gravement erronée« . Barack Obama a amèrement regretté cette décision, jugeant que les pays qui restent dans l’accord de Paris « seront ceux qui en récolteront les bénéfices en termes d’emplois ». « J’estime que les Etats-Unis devraient se trouver à l’avant-garde. Mais même en l’absence de leadership américain; même si cette administration se joint à une petite poignée de pays qui rejettent l’avenir; je suis certain que nos Etats, villes et entreprises seront à la hauteur et en feront encore plus pour protéger notre planète pour les générations futures« , a-t-il ajouté.
Elon Musk, le très médiatique PDG du constructeur de voitures électriques Tesla et ardent défenseur des énergies renouvelables, a immédiatement annoncé qu’il quittait les différents cénacles de grands patrons conseillant Donald Trump. « Je quitte les conseils présidentiels. Le changement climatique est réel. Quitter Paris n’est pas bon pour l’Amérique et le monde » a-t-il tweeté.
De nombreuses voix, sur la scène internationale (Chine et UE en tête), dans le monde des affaires et au sein même de son administration, avaient appelé le locataire de la Maison Blanche à ne pas franchir le pas, rappelant ces derniers jours l’urgence d’agir face au réchauffement en cours. Cet accord est « essentiel« , avait martelé jeudi la chancelière allemande Angela Merkel depuis Berlin, à quelques heures de l’annonce de M. Trump. Depuis Berlin, où il a rencontré la chancelière allemande Angela Merkel, le chef du gouvernement chinois Li Keqiang avait assuré que son pays tiendrait ses engagements. « Mais bien sûr, nous espérons aussi le faire avec la coopération des autres« , avait-il pris soin d’ajouter.La question a profondément divisé le sommet du G7 qui vient de s’achever en Italie, tous ses participants, à l’exception du président américain, ayant réaffirmé leur engagement envers ce texte.
L’objectif des Etats-Unis, fixé par l’administration Obama, était une réduction de 26% à 28% de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025 par rapport à 2005.Concrètement, le 45e président des Etats-Unis peut invoquer l’article 28 de l’accord de Paris, qui permet aux signataires d’en sortir, mais, en raison de la procédure prévue, cette sortie ne deviendra effective qu’en 2020.
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