Depuis le 25 mai, Faoud Ahidar prépare l’arrivée d’une délégation d’investisseurs belges à Al Hoceima. Le but de cet élu belge originaire du Rif est de relever la région grâce à des investissements privés venus de l’autre côté de la Méditerranée. Mais qui est cet élu qui s’affiche de plus en plus aux côtés des manifestants?
Membre du parti socialiste flamand (SPA), Fouad Ahidar est vice-président du parlement de Bruxelles depuis 2014. Il est né à Malines (nord de la Belgique) en 1973, dans une famille originaire du Rif. Depuis près d’une semaine, il va à la rencontre des manifestants de la province d’Al Hoceima. Le 26 mai par exemple, il a fait face à plusieurs dizaines de manifestants à Imzouren. Au milieu de la foule, il explique qu’il comprend leur ferveur, mais qu’il faut « s’attacher au dialogue« . Quand les manifestants répondent qu’ils n’ont pas reçu de réponse à leurs doléances, il ajoute que lui-même a des soucis à trouver du soutien à Al Hoceima pour contribuer au développement et collaborer avec les responsables de la région.
« Je viens régulièrement ici, je connais très bien la langue, mon père est enterré ici« , nous explique Fouad Ahidar. « Les Marocains qui vivent sur Bruxelles et du côté flamand sont principalement du Rif. Ils m’ont élu et m’interpellent tous les jours pour me dire que ce qui se passe n’est pas normal et pour savoir comment contribuer« , nous confie le vice-président du parlement bruxellois qui dit être là seulement en tant que « fils d’Al Hoceima« .
Se relever grâce au privé
Fouad Ahidar est persuadé que la situation dans le Rif peut s’améliorer, grâce à l’entreprise privée. « Les responsables politiques peuvent mettre des moyens en place pour que les entreprises privées fassent de l’emploi. Je connais beaucoup de Belges qui aimeraient investir dans la région », nous affirme le député belge qui nous confie son ambition de venir « après le ramadan » avec une délégation d’investisseurs belges. Fouad Ahidar ne donne en revanche pas plus d’informations sur l’identité des investisseurs en question et les secteurs concernés.
« Que ce soit construire un nouvel abattoir qui embauche 30 personnes ou financer un scanner 3D dans un hôpital… Tout le monde peut aider à améliorer la vie économique de cette région », explique-t-il.
Pour préparer la venue de la délégation belge, Fouad Ahidar s’est rendu au « centre régional d’investissement, ainsi que dans la future zone industrielle et chez quelques responsables politiques locaux pour connaître les projets en cours« . Une visite qu’il décrit comme une « initiative personnelle » et non une visite officielle mandatée par le parlement bruxellois.
Mobilisation de longue date
Ce n’est pas la première fois que l’homme politique belge se mobilise dans la région. « En février 2004, j’étais venu après le tremblement de terre pour récolter des moyens afin d’aider les familles« , se souvient-il. Au mois de juin, la même année, il est élu député régional bruxellois. Un engagement politique en Belgique et une mobilisation dans sa région d’origine qu’il a toujours tenu à conserver en parallèle.
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Le vice-président du parlement bruxellois tire sa légitimité de l’absence d’intermédiaires de la société civile entre les membres de la diaspora rifaine en Belgique et leur région d’origine pour répondre à leurs interrogations sur ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée. « Dans le passé, des associations faisaient le lien entre les deux pays, mais la société civile dynamique a été marginalisée et abandonnée« , explique un lobbyiste belgo-marocain ayant travaillé dans ce tissu associatif et ayant milité pour la participation politique des Belges d’origine marocaine. « Les partis politiques marocains ne se sont pas mobilisés pour avoir des relais sur le terrain en Belgique« , explique la même source. Les élus belgo-marocains peuvent donc s’engouffrer dans la brèche pour combler les demandes de leur communauté en Belgique.
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