Staff muni de talkies-walkies, kit de traduction, photocalls où les congressistes se prennent en photo, frigo avec bouteilles d’eau à la disposition des invités, grue-caméra et retransmission sur des écrans géants… Pour son sixième congrès qui s’est ouvert ce 19 mai au parc des expositions Mohammed VI d’El Jadida, le RNI a vu les choses en grand. On croise dans les couloirs quelques célébrités proches du parti, comme les musiciens Omar Siyed et Abdelaziz Stati. « Je ne suis pas membre du RNI. Je ne fais pas de politique, mais du ‘fen’ (art)« , nous répond ce dernier quand on l’interroge. Ce côté people ajoute à la puissance de la com’ autour de l’événement.
« On n’est pas au Maroc, c’est un congrès de l’UMP, ça ! », s’amuse un photojournaliste, faisant référence à l’ancienne dénomination du parti français Les Républicains. De mémoire de journaliste, on aura rarement vu une telle débauche de moyens particulièrement bien optimisés. C’est que le maître de cérémonie et patron du parti à la colombe veut frapper fort et promouvoir l’image d’un parti ultramoderne en transition. Depuis six mois, il enchaîne les rencontres aux quatre coins du pays, initiant un vaste programme de réforme devant remettre à plat l’ensemble de l’appareil du parti. Objectif: se départir de l’image de parti de l’administration et de nid de notable qui colle à la peau de cette formation créée initialement par le beau-frère de Hassan II.
« Maâqoul »
« Nous voulons donner aux Marocains l’image d’un parti qui travaille toute l’année, qui rassemble les compétences. Un parti animé par les fils du peuple, indépendant dans son pouvoir de décision, qui ne fait pas que compléter les majorités« , lance Aziz Akhannouch, répétant inlassablement son nouveau mantra: « c’est ici que tout commence« . « N’attendez pas de nous un discours défaitiste, mais un discours alternatif, réaliste et optimiste « , enchaîne-t-il, sous les applaudissements de jeunes munis de petits drapeaux bleus flanqués du symbole du parti. « Agharass Agharass, Akhannouch ould Nass« , scandent-ils, tout le long du discours. Le « maâqoul« , « lier la responsabilité à la reddition des comptes« … Le secrétaire général du RNI reprend de nombreux éléments de langage du PJD, mais y ajoute un ton positif et la mise en avant des compétences techniques dont dispose sa formation.
Parmi les invités de marque, figurent Saad Eddine El Othmani, mais aussi Lahcen Daoudi et Abdelkader Amara. Aziz Akhannouch ne manque pas de saluer le chef du gouvernement, mais ce que le patron du parti à la colombe ne dit pas, c’est que l’ambition est claire: devenir à terme une alternative aux islamistes du PJD, dont l’ancrage local n’est plus à prouver. Pour cela, son parti adopte une nouvelle organisation qui favorise l’ancrage local, et se positionne comme un parti de centre social. Mais cela suffira-t-il à effacer quarante ans de l’histoire d’un parti perçu comme d’administration? Le défi est énorme, mais les moyens mis en place sont colossaux.
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