Une initiative de la société civile pour dire "stop à l’apologie du terrorisme"

Quelques jours après l’attentat d’Istanbul où deux Marocaines ont perdu la vie, une pétition a été lancée pour dénoncer les insultes proférées à leur encontre sur les réseaux sociaux.

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A l'initiative de trois personnes, une lettre a été diffusée pour combattre l'apologie du terrorisme. Crédit : Capture d'écran.

« Stop à l’apologie du terrorisme!« . C’est le cri de ralliement lancé le 4 janvier sur Facebook par un collectif marocain qui a publié une lettre ouverte dans ce sens. La pétition a été signée par plusieurs milliers de personnes en moins de 24 heures.

Lancée par la journaliste et écrivaine Narjiss Rerhaye et le fondateur de l’association « Marocains Pluriels » Ahmed Ghayat, cette pétition appelle les citoyens à réagir au déferlement d’insultes qui a suivi la mort de deux Marocaines lors de l’attentat survenu à Istanbul dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Accompagnés de Laila Ouarchi, spécialiste en communication d’influence, les deux instigateurs du mouvement visent la jeunesse « prise en otage par ceux qui n’ont d’autre but que de ‘daechiser’ les esprits avant de les transformer en chair canon« .

« J’ai pensé à écrire cette lettre quand j’ai vu toutes les réactions contre les deux Marocaines décédées, qui n’étaient plus présentées comme des victimes mais comme des prostituées qui méritaient de mourir. Cela m’a profondément choquée », explique Narjiss Rerhaye à l’origine de l’idée. Pour la journaliste et écrivaine, faire entendre sa voix est alors primordial.

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« Il y a eu un déferlement d’indignation et cela ça donne espoir », s’enthousiasme-t-elle, confiant être surprise par l’engouement suscité par le mouvement. Si la plupart des signataires sont des citoyens anonymes, plusieurs figures publiques et militantes de la scène marocaine ont adhéré à la mobilisation, à l’instar de Fouzia Assouli, militante des droits des femmes.

Parmi les hommes politiques qui ont été touchés par l’initiative, on compte Anis Birou (RNI), ministre en charge des Marocains résidents à l’étranger, Aziz Akhannouch (RNI), Nabil Benabdallah (PPS), ou encore Mohamed Amine Sbihi (PPS). 

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« Nous avons utilisé Facebook car tout est né sur les réseaux sociaux », explique Narjiss Rerhaye. « Mais il faut aussi être dans le concret. Nous rencontrons le président du Conseil national des droits de l’homme (CNDH) la semaine prochaine pour lui remettre la pétition », annonce-t-elle.

Manque d’éducation

L’une des demandes du collectif est en effet de mettre en œuvre un système de prévention par l’éducation. « En l’absence de gouvernement nous demandons au CNDH de créer une commission – réunissant tous les acteurs concernés – afin de veiller à ce que l’apologie du terrorisme, où qu’elle se manifeste, soit sanctionnée et de mettre sur pied une politique de prévention et d’éducation (écoles, maisons de jeunes, médias, tissu associatif, réseaux sociaux, mosquées…) de façon prioritaire », précise le collectif. Pour Narjiss Rerhaye, c’est tout le système éducatif qui est à revoir. Elle fait notamment référence aux manuels scolaires qui condamnent la philosophie présentée comme une matière impie qui se positionne contre l’islam. Autant d’idées de haine qui remettent en question les valeurs diffusées par l’éducation selon elle.

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Une loi non respectée

L’autre demande du collectif, c’est que la loi soit respectée. Alors que les deux marocaines décédées lors des attentats d’Istanbul ont été traitées de « prostituées », aucune réaction n’a pourtant été observée du côté des autorités.

« Il est indispensable de rappeler que l’apologie d’actes terroristes constitue un crime puni par la loi, conformément à l’article 218-2 du Code pénal, en conséquence nous signataires de cette lettre ouverte demandons fermement que la loi soit appliquée avec force », insiste le collectif.

Appliquer la loi reviendrait donc à poursuivre les personnes qui ont fait l’apologie du terrorisme, comme cela a été observé dans le cadre de l’enquête contre ceux qui ont fait l’éloge de Mevlut Mert Altintas, l’assassin de l’ambassadeur russe en Turquie. « D’ailleurs les auteurs de ces propos sont actuellement auditionnés par le juge d’instruction pour leurs écrits », précise la lettre.

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