Le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed Najib Boulif, a dénoncé, dans un post sur Facebook publié le 4 décembre, « les propos désobligeants » de l’écrivain Tahar Benjelloun, qui a qualifié le PJD de « parti rétrograde ». Il a notamment critiqué l’écrivain qui est, selon lui, « un symbole de l’école francophone » qui a misé sur des « élites dont le peuple ne croit plus ». Et de fustiger : « Tahar Benjelloun a menti quand il a dit que les Marocains sont classés parmi les peuples les plus analphabètes du monde. Il est classé entre les positions 130 et 140 mondialement. »
Tahar Benjelloun, l’intellectuel, « sait sûrement que la vraie démocratie c’est d’accepter le verdict des urnes, même si ses résultats déplaisent. Parler d’une aberration démocratique est un non-sens. » Avant d’ajouter : « Je doute que des excuses publiques aux Marocains suffiront à effacer cette honte ».
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L’écrivain franco-marocain Tahar Benjelloun a participé à une conférence, le 27 novembre, sous la Coupole dans la grande salle des Séances, quai Conti à Paris, où il a tenu des propos jugés polémiques, décrivant le PJD comme un « parti rétrograde » et les Marocains comme un peuple « qui n’a pas été éduqué démocratiquement ». Des commentaires qui ont suscité l’ire du responsable PJD.
« Le PJD est un parti de régression, rétrograde, homophobe, raciste, et le peuple lui renouvelle sa confiance pour cinq ans. Là, les bras m’en tombent, c’est un peuple qui n’a pas été éduqué, on ne lui a pas expliqué ce que sont les vraies valeurs de la démocratie », a déclaré Benjelloun.
Après la polémique, l’auteur de La Nuit Sacrée a tenu à préciser ses propos : « Le peuple marocain est plein de sagesse et de dignité. Il mérite qu’on l’écoute et qu’on le respecte. Il mérite d’avoir les moyens pour donner à ses enfants une éducation de haut niveau. Apprendre par exemple des valeurs telles que la démocratie. Or, aujourd’hui, la démocratie est un slogan. On se contente de l’aligner dans un discours, de participer à des élections et on oublie qu’élire, c’est aussi choisir dans le sens du progrès, vivre et faire vivre pleinement les valeurs qui sont à la base de ce système » a énoncé Benjelloun.
Les dernières élections au Maroc, ajoute l’écrivain « se sont passées dans la transparence ». Mais un grand nombre d’inscrits « ne se sont pas déplacés pour voter », déplore-t-il. Ceux qui ont voté et donné une majorité relative aux gens du PJD « ont fait un choix de société qui correspond probablement à leur culture politique », a-t-il martelé. Pour Benjelloun, ce choix, même s’il est majoritaire, « il est normal qu’il puisse être critiqué et signalé comme allant dans le sens, non du progrès, mais de la régression. Là, la démocratie a été une technique, pas une valeur de modernité. »
Le PJD, renchérit l’écrivain basé à Paris, est un parti islamiste, « qui utilise la religion pour atteindre le pouvoir ». Pour qu’il y ait une vraie démocratie au Maroc, explicite-t-il, « il faut d’abord qu’on permette l’émergence de l’individu en tant qu’entité unique et singulière. Or, l’individu, autonomie de droit et de pensée, n’est pas reconnu dans notre société, comme dans l’ensemble du monde arabe. D’où l’inégalité des droits entre l’homme et la femme, le recours à l’hypocrisie et au discours moralisateur pendant que des actions de vice sont commises en cachette. »
Et de rappeler qu’il est temps « de s’émanciper de ces apparences ridicules et de mener le combat contre l’ignorance, contre les injustices et contre l’immense fléau qu’est la corruption » puisque « [le Maroc] est le pays arabe où sévit le plus haut niveau d’analphabétisme » où le système éducatif « est en crise depuis plusieurs décennies » et où « le système de santé publique est sous-développé (…) »
« C’est la victoire de l’argent sur les valeurs publiques », conclut Benjelloun. Et d’ajouter : « Nous sommes dans une économie libérale. Cela n’empêche pas le fait de réformer l’éducation ou d’améliorer l’état de la santé publique et d’enseigner à nos enfants les valeurs fondamentales du système démocratique. Celui qui permet à une société d’entrer dans la modernité », convient-il.
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