Zakaria Boualem et Mirikan

Par Réda Allali

Salut à vous, les amis. Cette semaine, Zakaria Boualem — un homme que rien n’effraie — va vous parler des élections américaines. Ça a été un grand spectacle, il faut le reconnaître. Pendant des mois, on nous a expliqué que ce bon Donald était une sorte de clown sinistre, avant de nous démontrer aujourd’hui que son élection est logique. Les plateaux télé regorgent de spécialistes qui sont capables d’expliquer n’importe quel évènement et sa logique implacable après qu’il se soit produit, mais jamais avant. C’est dommage. Le Guercifi s’en doutait : il s’agit d’un troupeau d’escrocs, rien de plus. Il les connaît bien, ils existent aussi en version footballistique. S’ils étaient capables de prévoir les scores des matchs qu’ils analysent avec autant de certitude, ils auraient gagné beaucoup d’argent avec les paris sportifs, au lieu de courir après les micros pour délivrer leur science. Bon, Trump. A priori, Zakaria Boualem est peu concerné par cet évènement américain. Il traîne l’impression tenace que tout se joue ailleurs, que la tête du leader est aujourd’hui un détail. Il se trompe, le bougre, comme souvent. Il se souvient pourtant très bien de l’élection de l’affreux Bouche en 2000. Une poignée d’électeurs, quelque part en Floride, avaient porté le Texan sur le toit du monde. Il en avait aussitôt profité pour déclencher une guerre que personne n’a comprise contre l’Irak. Il avait envoyé son grand maréchal agiter une fiole pleine de sanida ou de doliprane pilé à l’estrade de l’ONU en nous annonçant qu’ils avaient trouvé des armes chimiques chez Saddam. On paie encore aujourd’hui le prix de cette abominable machination. Il paraît que Tony Blair s’est excusé, que le grand maréchal aussi. Ils ont été trompés, les pauvres. Ils ne savaient pas que c’était une arnaque. Il faut donc croire qu’ils étaient moins bien informés que Zakaria Boualem qui, lui, le savait. C’est étonnant.

Aujourd’hui, ce brave Bouche s’adonne à la peinture en se tapant des barbecues de buffalo avec ses potes. On imagine qu’il doit bien ricaner en regardant les infos en provenance du Moyen-Orient. Blair et le grand maréchal, eux aussi, coulent des jours heureux malgré leur forfaiture avouée. C’est une terrible injustice. Les États-Unis sont capables de s’insurger pour les écarts sexuels d’un président avec une stagiaire consentante, mais ils ne s’offusquent pas plus que ça pour une guerre déclenchée sur la base d’un mensonge. C’est incompréhensible. Sauf à admettre que les Américains n’ont aucun intérêt pour ce qui se passe en dehors de leurs frontières. Voilà pourquoi ce Donald effraie un peu le Boualem. On peut s’attendre à tout, les amis, et il est impossible de penser qu’il n’y aura pas de conséquence chez nous, de la même manière que l’élection de Bouche par quelques Floridiens désœuvrés nous aura lourdement impactés. C’est tout sur ce sujet. Il est bien possible que vous n’ayez rien appris, notre héros n’ayant d’autre objectif que celui de partager ses angoisses, et merci. Et elles sont nombreuses, hamdoullah. Voici donc une petite dernière avant de se quitter.

Apprenez les amis que depuis 2008, le MarocModernesarl a fermé plus de 200 écoles en milieu urbain. Il paraît qu’elles étaient de toute façon quasi vides, puisque le Marocain se reproduit avec de plus en plus de parcimonie en ville. On le comprend, le malheureux. Le budget de l’éducation nationale, tenez-vous bien, est en baisse cette année. C’est désormais officiel : nous n’avons qu’à compter sur le privé pour éduquer nos enfants. En plus des missions étrangères pour les plus fortunés d’entre nous. Nous venons donc d’acter la fin de notre école publique et, dans la foulée, des rêves de mixité sociale ou d’ascenseur du même nom. Soit. Zakaria Boualem a beau fouiller dans ses souvenirs, il ne se rappelle pas qu’on lui ait présenté un jour cette décision stratégique, encore moins qu’il l’ait approuvée par quelque élection que ce soit. Il a au contraire le souvenir précis d’une multitude de discours, de commissions et de plans d’urgence en tout genre pour atteindre exactement l’objectif inverse. Quelque chose a donc dû lui échapper. Merci aux responsables de l’éclairer sur ce point, et merci.