Les banques marocaines s'enthousiasment pour les green bonds

En marge de la COP22, les institutions financières du pays se ruent vers les green bonds. Bank Al-Maghrib, BCP, BMCE ou encore Attijariwafa bank ont toutes affirmé leur engagement pour le soutien des projets verts.

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Siège de la Banque populaire - Crédit: Yassine Toumi

« Ce n’est pas un effet de mode ! La prise de conscience des banques marocaines de la nécessité d’un véritable soutien des projets verts est réelle. Il n’y a qu’avoir les sommes colossales qui sont engagées à ce jour » tempête d’emblée ce banquier questionné par Telquel.ma sur l’effervescence d’annonces émises par les différentes institutions financières de la place. Cet outil de financement, dédié aux projets à caractère environnemental, séduit les banques marocaines. Il faut dire que si la BMCE Bank of Africa a ouvert le bal le 4 novembre en décrochant l’autorisation de l’AMMC (Autorité marocaine du marché des capitaux) pour une émission obligataire dans la limite de 500 millions de dirhams (une maturité de 5 ans), la banque centrale a confirmé la volonté du pays d’investir dans ce segment. La Banque mondiale a annoncé, le 7 novembre, l’acquisition par Bank Al-Maghrib de 100 millions de dollars d’obligations vertes à des fins de gestion de ses réserves.

Masen a également eu recourt à ce mode de financement pour un montant de 1,15 milliard de dirhams avec pour objectif le développement des projets solaires de Noor Laâyoune, Noor Boujdour et Noor Ouarzazate IV. Plusieurs investisseurs ont souscrit à  l’opération du Masen. Il s’agit d’Al Barid Bank,  Attijariwafa Bank, la Caisse marocaine des retraites (CMR) et la Société centrale de réassurance (SCR).

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100 millions d’euros pour la BCP

BCP prépare également le lancement de son Green bonds. Selon nos informations, l’assemblée générale ordinaire de la Banque centrale populaire devra statuer le 14 novembre sur l’émission d’obligations vertes à hauteur de 100 millions d’euros, soit l’équivalent de 1 milliard de dirhams. Il s’agit là de la première levée green labellisée en devises d’une banque marocaine. La maturité de cette levée ressort à 10 ans.

Le gendarme de la bourse étudie actuellement le dossier green bonds afin d’autoriser l’opération très bientôt. SFI (Société de financement internationale, filiale de la banque mondiale) aura un rôle majeur dans cette opération car elle devra assurer l’arrangement du bond et aussi y souscrire. Le choix de cet investisseur comme partenaire de la banque au cheval n’est pas anodin, car SFI est l’une des institutions pionnières dans ce domaine. En 2013, SFI a, en effet, émis un milliard de dollars de green bonds. Une opération qui a été entièrement souscrite au bout d’une heure seulement. C’est dire la crédibilité de cet organisme international comme partenaire financier. Pour rappel, « le marché des green bonds est né dans un contexte de prise de conscience collective des enjeux environnementaux et d’activisme en vue de réduire les impacts environnementaux des activités humaines », indique le gendarme de la bourse dans son guide sur les green bonds, publié le 9 novembre.

Depuis les premières émissions par la Banque mondiale et la Banque européenne d’Investissement en  2007, jusqu’en 2012, l’univers  des green bonds est resté réservé aux  émetteurs supranationaux. Ce n’est qu’à partir de 2013 que des acteurs du secteur privé, comme EDF ou Bank of America, ont investi ce créneau, marquant ainsi un tournant dans la structure du marché comme en atteste la forte croissance des montants des émissions. En effet, contre 1.22 milliard de dollars émis en 2011,  le marché des green bonds a représenté près de 37 milliards de dollars à travers le monde en 2014 et plus de 41 milliards en 2015. En 2016, le montant des émissions a déjà dépassé 60 milliards de dollars.

 

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