Des dizaines de minibus, de bus et des centaines de voitures ont afflué vers le complexe sportif Moulay Abdellah à Rabat, dès 8 heures du matin, ce dimanche, pour le lancement de la campagne du PJD. Des milliers de personnes, les traits fatigués, signe d’un long déplacement, accèdent petit-à-petit à la salle couverte pour assister au meeting qui démarre à 10 heures. « Nous avons pris l’autocar et passé une nuit blanche pour voir Benkirane », nous racontent, enthousiastes, des jeunes, venus du sud du Maroc et dont l’âge ne dépasse pas la vingtaine. Cet enthousiasme est palpable chez nombre de militants du PJD, arrivés munis de drapeaux du parti de la lampe.
A 10h, la salle couverte du complexe, qui abrite 15 000 places assises, est pleine. Les deux tiers sont des jeunes et des femmes. Les militants continuent d’affluer au fur et à mesure, dans le calme. Les chants du parti ponctuent l’ambiance, déjà enflammée. A 10 h 15, c’est l’hystérie. Le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, fait son entrée, sous les applaudissements, et s’installe à la première rangée. Les médias locaux et internationaux se sont largement mobilisés pour suivre ce meeting, aux allures d’une démonstration de force.
« Plus de 20 000 personnes venues de leur propre gré »
10 h45. La parole est donnée au président du Conseil national du parti, Saâd Eddine El Othmani qui lance les festivités (et les hostilités) en s’attaquant d’emblée et de manière à peine voilée à la manifestation anti-Benkirane, organisée le 18 septembre par des parties inconnues: « Merci aux 20 000 personnes qui sont venues assister à ce meeting. Personne ne vous a obligé à venir. Nous ne sommes pas comme ceux qui ramènent les citoyens des campagnes pour manifester pour le Sahara, puis contre Benkirane », déclare-t-il, un sourire narquois au coin des lèvres.
« La bataille au Maroc entre les partis n’est pas idéologique, mais politique », ajoute-t-il. « Si les citoyens ont voté massivement pour le PJD en 2015, c’est parce qu’ils lui ont fait confiance quant à la gestion des communes et de la chose publique », enchaîne-t-il, appelant à ce que cette campagne soit « propre ».
À la fin de son allocution, El Othmani a procédé à la lecture du « traité des parlementaires ». « Ce traité, préparé par le secrétariat général et le Conseil national du PJD, comporte trois points : les parlementaires s’engagent à donner une part de leurs indemnités au parti; à répondre présents aux séances parlementaires et aux travaux des commissions et à procéder à la déclaration de leur patrimoine », fait-il savoir. Après cette lecture, ce traité a été signé par l’ensemble des têtes de liste du parti, parmi lesquelles se trouvent Abdelilah Benkirane, Lahcen Daoudi et Driss El Azami.
Un discours tiède de Benkirane
Après la présentation des candidats et du bilan sous forme d’un spot où les islamiste s’expriment à tour de rôle, place à Abdelilah Benkirane, costume gris et cravate rouge, qui entre en scène à 13 heures. « Le peuple veut un deuxième mandat » ou encore « Le Maroc est une terre libre et le tahakoum doit dégager »: ce slogan, qui paraphrase ceux du 20-Février, accueille le chef du parti de la lampe.
« Votre venue et votre organisation sont une leçon à toute personne voulant exercer la véritable politique », lance-t-il à la foule, sous un tonnerre d’applaudissements. « Cette affluence de plus de 20 000 personnes pour le lancement de cette campagne est un indicateur de notre victoire », ajoute-t-il.
Reprenant sa casquette de chef du gouvernement, Benkirane a par la suite énuméré le bilan de son mandat, notamment en ce qui concerne les réformes de la caisse de compensation et des retraites. « Contrairement aux autres gouvernements qui ont fui ces deux dossiers, nous nous y sommes attaqués afin d’éviter que la barque ne coule, même si je savais que cela allait peut-être nuire à notre masse électorale », explique-t-il.
Pour Benkirane, qui voulait visiblement se justifier, « ces dossiers sont importants au même titre que le redressement des entreprises, dans la mesure où ces dernières garantissent l’emploi, l’export et la devise qui aide l’État à se procurer les armes, les médicaments et les voitures ».
Le ton offensif envers l’opposition et la rhétorique anti-tahakoum étaient les grands absents de son discours. Il s’est juste contenté de critiquer la manifestation organisée contre lui: « À ces parties qui ont organisé cette mascarade, je veux juste dire que le match est fini ». Puis il a fait appel à la vigilance de ses électeurs: « Nous allons faire de notre mieux et à vous les électeurs, de contrôler de loin ce qui va se passer ».
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