Il a tenu son engagement. Abdelillah Benkirane a finalement réussi à faire voter « sa » réforme des retraites des fonctionnaires. Le but : assurer le financement de la caisse, alors que le total des pensions à verser est plus élevé que celui des cotisations prélevées, du fait de l’allongement de l’espérance de vie.
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Trois leviers existent pour pérenniser les caisses : augmenter l’âge de départ à la retraite (puisque les travailleurs cotisent plus longtemps), augmenter les prélèvements (puisque les travailleurs cotisent plus) et diminuer les pensions (les dépenses des caisses sont donc moins élevées). Le gouvernement Benkirane a choisi de jouer sur les trois.
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Cotiser plus, pendant plus longtemps et pour moins
L’âge de départ à la retraite passe ainsi de 60 ans à 63 ans (en général, mais des exceptions existent pour certaines professions). Ce changement se fera de manière progressive : six mois supplémentaires tous les ans pendant six ans. Aussi, les cotisations s’élèveront à 14 % au lieu de 10 % actuellement (à la fois pour les travailleurs et l’employeur, en l’occurrence : l’État). Cette mesure est également progressive : une augmentation annuelle de 1 % pendant quatre ans. Aussi, le ratio d’annuités (années de cotisations) passe de 2,5 % à 2 % (pour les années de travail qui succèdent 2017 seulement).
La réforme votée le 20 juillet comprend d’autres modifications : le salaire de base permettant de calculer la pension est celui des huit dernières années et non plus seulement la dernière (mesure mise en œuvre de manière progressive également) et le départ anticipé n’est possible qu’après 24 ans de service minimum pour les hommes et 18 ans pour les femmes (au lieu de respectivement 21 ans et 15 ans).
La méthode de calcul
Ces modifications prises en compte, comment calculer votre pension ? D’après la formule disponible sur le site de la CMR (Caisse marocaine des retraites, organisme dédié aux pensions des fonctionnaires), le montant correspond à ce que l’on appelle les émoluments de base (autrement dit, le salaire accompagné des indemnités et des primes moyens des huit dernières années) multiplié par le nombre de service multiplié par deux (pour les salaires perçus après le 31 décembre 2016 et par 2,5 pour ceux perçus avant), le tout divisé par cent.
Pension annuelle brute = (Émoluments de base × annuités × 2) / 100[/encadre] Quelques simulationsIl existe bien un simulateur sur le site du ministère des la Fonction publique, mais il ne semble pas fiable. Essayons-nous à notre propre simulation, en se fondant sur la méthode de calcul officielle, en prenant en compte la réforme votée. Exemple 1. Meryem a 60 ans. À la fin de l’année, elle partira à la retraite. Elle n’a pas fait toute sa carrière dans la fonction publique, qu’elle n’a intégrée qu’en 2000. Les huit dernières années, salaires et indemnités confondues, elle percevait annuellement 80 000 dirhams. Elle percevra alors 2 666 dirhams de pension par mois. (80 000 × 16 × 2,5) / 100 = 32 000 Exemple 2. Larbi a 58 ans. Avec la nouvelle réforme, il ne pourra pas partir à la retraite à 60 ans mais à 61 ans. Ces cinq dernières années, il était rémunéré en moyenne 200 000 dirhams par an et ne sera pas augmenté durant ces trois dernières années de service. Arrivé à l’âge de la retraite, il aura travaillé 40 ans dans la fonction publique. Il percevra approximativement 16 000 dirhams par mois. (200 000 × 37 × 2,5) + (200 000 × 3 × 2) / 100 = 197 000 Exemple 3. Aïcha a 60 ans. Elle partira à la retraite à la fin de l’année. Elle a œuvré au sein de la fonction publique depuis ses 18 ans (donc pendant 42 ans d’ans). Ces huit dernières années, elle gagnait 14 000 dirhams par mois. Le montant de sa retraite devrait donc d’après la formule être de 14 700 dirhams par mois (soit plus que lorsqu’elle travaillait) mais, même si elle a travaillé 42 ans, seules 40 annuités seront prises en compte pour le calcul de sa pension, il s’agit là du nombre maximum d’annuités liquidable. De plus, le montant de la pension nette ne peut pas excéder la dernière rémunération d’activité nette, d’après le guide du pensionné de la CMR. (168 000 × 40 × 2,5) / 100 = 168 000 |
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