Ce déferlement de violence, sur fond de racisme avivé, a semé le chaos dans cette grande ville du sud des Etats-Unis, où se tenait jeudi soir une manifestation en hommage à deux Noirs tués par la police dans deux autres régions du pays. S’exprimant à Varsovie, le président Barack Obama a dénoncé « des attaques haineuses, calculées et méprisables », pour lesquelles il n’existe « pas de justification ».
Le centre de Dallas demeurait vendredi un théâtre criminel livré aux démineurs, experts légistes et balistiques. On ignorait le nombre exact de suspects ayant participé à la fusillade, le principal tireur présumé s’étant lui retranché durant des heures dans un bâtiment où il a finalement été tué grâce à un robot policier télécommandé, porteur d’une bombe.
« Le suspect a dit qu’il en voulait aux Blancs, qu’il voulait tuer des Blancs, en particulier des policiers blancs », a déclaré David Brown, le chef de la police de Dallas. Il a précisé que ce suspect n’était affilié à aucun groupuscule et qu’il avait soutenu avoir agi seul.
« Il n’y a pas de mots pour décrire l’atrocité qui a touché notre ville. Tout ce que je sais, c’est que cette fracture entre notre police et nos citoyens doit cesser », a-t-il plaidé au terme de cette nuit blanche.
Les témoins sur place, et notamment les manifestants rassemblés pour dénoncer les abus policiers, ont relaté des scènes de panique, des tirs nourris, des habitants s’enfuyant dans toutes les directions. « Il y avait des Noirs, des Blancs, des latinos, tout le monde. Et il y a eu (les coups de feu) sortis de nulle part », a relaté un témoin. « C’était le chaos total, c’est complètement fou ».
Le principal suspect avait aussi affirmé avant de périr que des bombes étaient posées « partout » dans le centre-ville. Plusieurs autres suspects ont été placés en garde à vue, a par ailleurs indiqué le maire de Dallas, Mike Rawlings, en refusant d’indiquer le nombre exact. L’attaque a selon lui également fait deux blessés parmi les civils.
Ce bilan de 12 victimes dont cinq morts est le pire enregistré par les forces de l’ordre aux Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001. Il s’agit d’une « attaque contre le pays », a jugé le candidat républicain à la présidentielle, Donald Trump, dans un communiqué.
Les médias américains ont diffusé une vidéo montrant un homme présenté comme le principal tireur, habillé d’un pantalon clair et tenant un fusil d’assaut. On le voit épauler et faire feu sur des cibles non identifiées. « C’est lui, là, à côté de la colonne blanche, regardez, il tire vers la gauche, tire vers la droite, tire de l’autre côté, on voit qu’il vise quelqu’un », commente un témoin, Ismael DeJesus, qui filmait à partir d’un hôtel proche.
« Ensuite il s’est retourné, pour vérifier que personne n’arrivait derrière lui, mais il y avait un policier qui arrivait et qui a essayé de l’avoir, mais ça s’est mal terminé. C’était une exécution, franchement. Alors qu’il était déjà à terre, l’homme a encore tiré sur lui trois ou quatre fois », dit-il.
Les armes à feu sont très répandues au Texas, Etat où il possible de sortir armé de façon visible sur la voie publique.
Des équipes du SWAT, la force d’intervention d’élite de la police, ont été déployées en nombre après que les coups de feu ont éclaté vers 02H00 GMT, émanant d’une position élevée, selon M. Brown. « Plusieurs opérations d’inspection fouillée sont en cours pour rechercher des explosifs en centre-ville. Cela prendra du temps », a indiqué Max Geron, un responsable de la police de Dallas.
Des policiers se sont alignés, en position de salut solennel ou la main sur le coeur, à l’extérieur d’un hôpital où ont été transférées les dépouilles de leurs collègues, selon des images diffusées par la presse locale.
Le rassemblement à Dallas s’inscrivait dans le cadre de plusieurs manifestations organisées à travers les Etats-Unis pour protester contre la mort de deux hommes noirs abattus par la police cette semaine, l’un en Louisiane (sud), l’autre dans le Minnesota (nord).
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