Il est midi ce 30 juin, à Derb Milan. Le commerce des sacs en plastique va bon train et tout a l’air normal. Pourtant, dans moins de 24 heures, les dizaines de grossistes qu’abrite la célèbre rue 7, seront hors-la-loi. En marge de la COP22, la loi 77-15 interdisant les sacs en plastique entrera en vigueur le 1er juillet 2016 et prévoit une amende variant de 10 000 à 500 000 dirhams à l’encontre de toute personne commercialisant les sachets en plastique.
« Nous n’avons pas le choix »
Même si les autorités gouvernementales promettent une application effective, sur place, le discours des commerçants est au défi. Ils sont clairs : le 1er juillet et les jours qui suivront, ils continueront à vendre des sachets en plastique. « Rien ne nous arrêtera, pas même les amendes qu’on pourra nous infliger », tonne Jamal, commerçant de sacs en plastique depuis bientôt 25 ans. Avant de préciser que sa position « n’a rien d’un acte politique ». « Nous vendrons les sacs en plastique parce que nous n’avons pas le choix, il faut bien vivre », ajoute-t-il. Derrière lui, un stock de sacs en plastique que le commerçant n’a toujours pas réussi à écouler. « Il est vrai que nous avons été prévenus il y a de cela six mois. Mais est-ce suffisant pour changer un métier qu’on exerce depuis des décennies ? », s’interroge le commerçant.
Des stocks de cinquante tonnes
Autre question qui se pose, le stock des sacs en plastique que les commerçants possèdent toujours. Si Jamal dit n’avoir pour le moment emmagasiné qu’un « modeste » stock de 6 ou 7 tonnes, ce n’est pas le cas pour son voisin. Abdelali ne sait toujours pas quoi faire de son immense stock, qui atteint « 50 tonnes », si on l’en croit. Le concerné, indigné, dit aussi rejoindre ses autres camarades vendredi et continuer à vendre ses produits, comme si de rien n’était. Concernant le stock, il faudra du temps au commerçant pour le liquider. « Je n’ai pas le choix, vu que les trois quarts du stock ont été achetés à crédit il y a de là plusieurs mois », précise le concerné. Quid des amendes ? Abdelali ne sait toujours pas quoi en penser. « Si elles [les lois] sont appliquées, je ne saurais pas quoi faire. Peut-être aurais-je recours à la contrebande. Vendre des sachets en plastique en contrebande, qui l’aurait pensé… », ironise à la fin Abdelali.
Les services indirects ciblés également
Les grossistes ne sont pas les seuls à fustiger cette loi, d’autres métiers sont concernés. Triporteurs, vendeurs d’emballages de sacs en plastique ou encore distributeurs, à Derb Milan, ils sont plusieurs à s’indigner. Le marché des sachets en plastique représente une bonne part de leur gagne-pain. De manière informelle, dans la contrebande ou autre, les travailleurs du plastique devront bien joindre les deux bouts. Dans l’attente aussi, comme ils l’espèrent, d’une aide de l’État qui, pour l’heure, s’est contenté d’envoyer des agents sur place afin de d’énumérer les stocks des commerçants.
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