Pertes record pour Alliances qui reste otage de la station Lixus

Ahmed Amor, directeur général d'Alliances, a rencontré Telquel.ma pour lui exposer l'état d'avancement du plan de restructuration d'Alliances. 2015 est une année déficitaire. Pour 2016 tous les espoirs sont permis sous conditions. Détails

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Alami Lazrak, PDG d'Alliances. Crédit : Yassine Toumi.

2015 est une année douloureuse pour Alliances Développement Immobilier. Et ce n’est pas Ahmed Amor le directeur général de l’entreprise qui dira le contraire. « C’est une année d’inflexion où l’activité a souffert des problèmes de trésorerie, de la crise du secteur, en plus de toutes les actions entreprises dans le cadre du plan de restructuration », avoue-t-il. Il n’est donc pas étonnant que les résultats financiers de 2015, communiqués par le groupe et raison de la suspension du cour de l’action le 10 mai, ressortent négatifs, comme nous l’avions annoncé précédemment.

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Il en ressort un déficit de 1,8 milliard de DH. Nous sommes loin des prévisions tablant sur une perte maîtrisée de 232 millions de DH, annoncés en marge de l’émission de l’emprunt remboursable en action le 17 août 2015.

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L’ex-président du directoire de TMSA qui a rejoint les rangs de la société en difficulté en janvier 2016, garde malgré tout son optimisme et énumère toutes les avancées réalisées pour améliorer par le groupe. Pour lui « la société renouera avec les résultats bénéficiaires dès 2016 ».

Chère chère dette

Cela se concrétiserait sous réserve de l’exécution des actions du plan de redressement notamment en matière de réduction de l’endettement. S’agissant de la dette bancaire, le promoteur immobilier, a tout de même, réussi la prouesse de signer sept protocoles d’accords avec les banques de la place pour la réduction de la dette d’Alliances. « Cette opération nous a également permis de dégager de la new money à hauteur de 532 millions de DH. Ce montant sera injecté dans les projets », affirme Amor. Si tout se déroule comme le prévoit le management d’Alliances, la dette bancaire passera de 3,9 milliards de DH en 2014 à 1,9 milliard de DH fin 2016.

La dette privée baissera à son tour considérablement, selon le management de l’entreprise. « Nous avons cédé quelques actifs qui nous ont permis de réduire la dette de 4,48 milliards de DH en 2014 à 2,68 milliards de DH fin 2016 ». L’opération qui a été finalisée le 15 mars, a aussi permis de dégager 103 millions de DH de new money.

Malgré ces perspectives encourageantes, la dette globale à fin 2015 reste à un niveau élevé estimé à 7,3 milliards de DH contre 8,5 milliards de DH une année auparavant.

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Amor préfère voir la moitié pleine du verre. La dette baissera, promet-il. La situation s’améliorera grâce à l’argent frais dégagé des négociations et grâce à l’augmentation de 300 millions de DH opérée par Alami Lazraq. « Les projets d’Alliances bénéficieront d’un total de 935 millions de DH d’argent frais », explique-t-il.

Bye bye EMT

Qu’en est-il du pôle construction, la source de tous les maux d’Alliances ? Amor nous affirme que EMT fait partie de l’histoire ancienne « de façon officielle et juridique depuis fin mars ». C’est l’une des raisons qui ont motivé le report de la publication des résultats d’Alliances. « Nous devions étudier l’impact de la décision de la liquidation des sociétés composant ce pôle sur les comptes de 2015 », confie le directeur général. Il a été décidé la consolidation, une dernière fois, des résultats de ce pôle sorti définitivement du giron d’Alliances. « Il n’y a plus de résultats négatifs qui amputeront les résultats du groupe », insiste-t-il.

La société se recentre sur son cœur de métier qu’est la promotion immobilière. Et à ce niveau-là aussi, Amor se veut rassurant, chiffre à l’appui. La société affiche un carnet de commandes de 9,4 milliards de DH dont 62,7% relatif au segment du logement social et intermédiaire.

Cependant, tout l’optimisme de Alami Lazraq et son directeur général reste tributaire d’un seul facteur qui n’est pas des moindres : le sort de la station Lixus.

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Le piège Lixus

« À date d’aujourd’hui nous n’avons pas encore trouvé de solution pour la station Lixus », confie Amor. L’entreprise qui y a engagé 1,2 milliard de DH, se retrouve otage de ce projet du plan Azur dont la réussite est compromise. Alliances cherche des solutions pour que Lixus ne pèse plus sur ses comptes.

Sauf que pour Lixus, la situation est plus complexe. Le promoteur immobilier ne dispose que de deux solutions. Il a exprimé à l’État son désir de se retirer du projet comme ce fut le cas avec Taghazout quand Alliances a revendu ses parts aux autres actionnaires. Cette solution, qui semble la meilleure pour Alliances, n’est pas la plus probable à en croire son directeur général.

La seconde solution est le repositionnement de la station Lixus en vue de l’intégration du tour de table de nouveaux actionnaires. « Nous avons mené quelques études qui nous confortent dans l’idée qu’un repositionnement du projet pour l’adresser au tourisme national en ferait un projet viable », confie Amor. Ce dernier explique que la première phase du projet avance au ralenti. Le golf et le club house sont fermés. Les résidences de luxe ne trouvent pas acheteurs chez la clientèle internationale (à qui s’adressait le projet dans sa conception initiale). La composante hôtelière avance lentement.

Demandera-t-on une fois encore à la CDG de venir au secours de la station Lixus et par ricochet d’Alliances ?

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