Alors qu’en mars dernier, lors de la visite de Mohammed VI à Moscou, le Kremlin disait tenir compte de la position du Maroc concernant le règlement de la question du Sahara, et que le 12 avril lors d’un entretien téléphonique les deux chefs d’État auraient décidé de «renforcer leur coordination […] afin d’aboutir à l’échéance du mois d’avril à un résultat équilibré», la Russie garde la même posture à l’ONU : la neutralité.
Le 29 avril, la Russie n’a pas voté la résolution 2285 concernant le mandat de la Minurso et dont le Maroc est satisfait. Elle a préféré s’abstenir. La délégation russe citée sur le site officiel des Nations unies a même déclaré que le texte présentait une « faiblesse majeure », au paragraphe 9 du préambule, où il est dit que «des efforts sérieux et crédibles» ont été «faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement». Toute personne qui connaît la situation sait que cette formule n’est «pas d’actualité», a tranché le représentant. Autrement dit, la Russie estime que le Maroc n’a pas fait assez d’efforts pour régler le conflit.
Aussi, le représentant de la délégation Vladimir K. Safronkov a déclaré que les parties devaient se rendre compte qu’une solution mutuellement acceptable était impossible sans l’aide de l’ONU et qu’ «une démarche responsable doit se substituer à la confrontation» et que la présence d’observateurs occidentaux était nécessaire à l’organisation d’un référendum.
Interrogée par Jeune Afrique sur les relations entre Moscou et Rabat et Moscou et Alger, la Franco-Algérienne Mansouria Mokhefi, conseillère Maghreb-Moyen Orient à l’Institut français des relations internationales (IFRI), explique que la position de la Russie est bien sûr stratégique. Elle rappelle ainsi que la Russie est restée neutre. Elle n’a pas soutenu le Maroc face au Polisario mais le Maroc face à Ban Ki-moon. «Ce qui a changé, c’est qu’aujourd’hui, il est dans l’intérêt des Russes de rééquilibrer leurs relations avec les deux frères ennemis. Ils voient bien que la position algérienne sur le Sahara est en perte de vitesse […] Or, toute politique étrangère est dictée par des intérêts. En l’occurrence, il est dans l’intérêt des Russes de diversifier leurs ventes d’armes en ayant le Maroc comme client. Comme ils ont tout intérêt à s’appuyer sur le royaume de Mohammed VI, vu son expertise africaine, pour conquérir l’Afrique et y devenir un acteur économique, diplomatique est stratégique», explique-t-elle. Le premier ministre algérien Abdelmalek Sellal était en visite officielle en Russie les 27 et 28 avril.
Sahara est marocaine✋