Le Maroc et Renault ont signé trois conventions le 8 avril pour la mise en place d’un «écosystème Renault», avec à la clé un investissement total de dix milliards de dirhams. Dans un entretien accordé au site spécialisé L’Usine Nouvelle Marc Nassif, le nouveau directeur général de Renault Maroc en dit un peu plus sur ce nouvel engagement entre le constructeur tricolore et l’État marocain.
La motorisation pas incluse dans le taux d’intégration
«Nous n’avions pas d’engagement de taux d’intégration locale. Le deal conclu par Carlos Ghosn était fait comme ça» explique Marc Nassif à L’Usine Nouvelle. Mais ça, c’était avant. Désormais, «il tient en deux chiffres : en 2023, 65 % d’intégration locale à Renault Tanger et a minima, 1,5 milliard d’euros sourcés au Maroc, pour les sites du Maroc ou hors du Maroc». Il y a donc du pain sur la planche : «Nous avons un bond à faire de 25 points. Ce qui est énorme, c’est 60 % supplémentaires d’approvisionnement local. La question, c’est comment. Il y a déjà des équipes Renault déployées sur le terrain, cherchant des fournisseurs en Europe et essayant de leur faire découvrir le Maroc.»
Le responsable révèle, en outre, que la motorisation est exclue du calcul parce que le groupe dispose déjà «d’une base industrielle forte en Espagne en ce domaine». «Nous n’allons donc pas intégrer le “powertrain” ici. Nous avons une grosse usine de boîtes de vitesses à Séville. Quant aux moteurs, il y a Valladolid, une énorme base industrielle» explique le directeur de Renault Maroc. Il ajoute également que le groupe préfère «mettre [son] énergie et [son] argent sur ce qui peut être développé en profondeur dans des technologies qui n’existent pas» au Maroc. Le groupe veut surtout «sourcer des disques de frein» pour le Maroc, mais aussi pour les usines espagnoles, roumaines ou autres.
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Mais pour les dix milliards de dirhams prévus dans un nouvel écosystème au Maroc, Renault prend en compte le taux d’intégration qui doit passer de 40 % à 65 %. «Pour y arriver il faut ramener au Maroc la fabrication de roues, de l’outillage» souligne le DG de Renault Maroc en précisant qu’«il y a une partie que Renault va mettre». Le groupe français compte également «faire monter en puissance les équipes d’ingénierie de terrain pour délivrer l’écosystème.»
Que devient la Somaca ?
Le projet Renault consiste à développer une plate-forme d’approvisionnement locale pour Renault, à Tanger. Mais si la ville du Détroit a été choisie pour abriter le projet, le groupe ne compte pas pour autant fermer la Somaca, son usine de Casablanca à travers laquelle il a un contrat avec l’État marocain qui court jusqu’en 2017. «Renault ne lâche pas ce site Somaca et le garde. Nous avons pris l’engagement de continuer à l’alimenter, ce dans notre propre intérêt. Selon notre accord, nous devons aussi y conserver à minima un taux d’intégration de 40 %» explique le responsable de Renault Maroc. «Il y a les déclarations d’amour et il y a les chiffres comme dit M. le ministre de l’Industrie Hafid Elalamy. Là, on ramène des chiffres» paraphrase-t-il. «Nous avons la pression, mais le ministre par rapport à sa grande autorité de tutelle à Rabat, il l’a aussi», précise-t-il encore.
Selon Marc Nassif, la Somaca permet de produire pour le marché local, mais aussi, avec l’accord de libre-échange d’Agadir, «de couvrir toute la zone arabe à des conditions privilégiées». En plus de vouloir garder cette «pépite», le groupe compte y introduire des nouveautés et battre un record de production. «Avec tout ce qui est en train de se mettre en place, on peut considérer que le Maroc va devenir une base compétitive. Comprenez : désormais 10 % de la production mondiale de Renault est produite au Maroc.» indique Marc Nassif. La possibilité d’un nouveau modèle n’est pas exclue : «Je ne vous dis pas que c’est décidé, que la Kwid viendra au Maroc. Mais, il est clair qu’on lèvera le doigt au sein du groupe en disant qu’on est bien positionnés, compétitifs. Nous avons un écosystème qui nous permet de l’accueillir.»
PSA au Maroc, les atouts et les obstacles pour Renault
Le responsable de Renault Maroc a aussi évoqué la concurrence : PSA Peugeot Citroën. L’autre constructeur automobile français a annoncé en juin 2015 qu’elle veut produire 90 000 véhicules dans une usine qui sera implantée dans la zone franche de Kénitra. Pour Renault, «industriellement c’est génial parce que ça va remplir les usines des équipementiers. Ça va leur permettre de continuer à investir et d’avoir une meilleure absorption des frais fixes». Mais commercialement, «il va falloir défendre notre place. Il y a donc deux facettes» a tonné le DG de Renault Maroc.
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