Vous contestez le blocage de la VoIP. Quels sont vos arguments ?
Pour nous, cette interdiction constitue une violation grave des libertés des usagers d’Internet. Le communiqué de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) du 7 janvier 2016 débute par une affirmation qui laissant entendre que l’interruption concerne des « services gratuits » de téléphonie mobile sur le réseau Internet. Cette affirmation est fausse car les utilisateurs abonnés des trois opérateurs de télécommunications paient pour ces Services VoIP à travers d’onéreux forfaits internet facturés par les opérateurs.
A notre avis, la décision de blocage des services VoIP par l’ANRT ne repose sur aucune base juridique et va à l’encontre de l’intérêt légitime des utilisateurs abonnés, de l’économie nationale et des droits et des intérêts légitimes des citoyennes et des citoyens marocains résidant à l’étranger protégés par l’article 16 de la Constitution, et met à mal le développement de leurs liens humains et culturels avec leur patrie.
D’un point de vue technique, VoIP est un acronyme qui signifie Voice Over Internet Protocol, ou en d’autres termes, la transmission de la voix en tant que donnée via Internet. Il ne s’agit donc pas de téléphonie à proprement parler Cet abus de langage nourrit la confusion qui profite aux opérateurs. Les Services VoIP permettent donc de délivrer des données vocales ou multimédia (vidéo par exemple) sur le réseau Internet (IP) tout comme les services de courriels (email) permettent l’envoi de données écrites sur le réseau internet.
En bloquant l’accès aux services VoIP, les opérateurs et l’ANRT discriminent un contenu par rapport à d’autres contenus et violent ainsi le principe de neutralité d’internet qui garantit un traitement technique identique à tous les fournisseurs de contenus et un égal accès à Internet.
Vous pointez du doigt l’ANRT, les opérateurs n’ont aucune responsabilité dans le blocage ?
Ce que les citoyens et les consommateurs voient, c’est que les opérateurs ont coupé ce service. Les opérateurs ne doivent pas se cacher derrière la décision et le communiqué de l’ANRT pour matérialiser le blocage des services VoIP. A ce stade, nous notons simplement que la décision de l’ANRT date de 2004 et que le blocage date de 2016, ce qui tend à démontrer que la décision de l’ANRT de 2004 ne s’appliquait pas aux services VoIP. Cette chronologie des faits suffit à mettre les opérateurs devant leurs responsabilités. Notre communiqué vise d’ailleurs l’ANRT et les opérateurs.
A côté des réactions contestataires des internautes, on constate un relatif silence des partis politiques (mis à part l’Union constitutionnelle et le député PAM Mehdi Bensaïd, ndlr). Pourquoi à votre avis ?
On s’est malheureusement habitués à ce que les partis politiques représenté au parlement n’osent pas aborder les questions sociales et économiques importantes qui touchent la vie des Marocains.
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