Dans une France encore traumatisée par les attentats du 13 novembre et toujours marquée par un chômage de masse, le parti de Marine Le Pen a capté autour de 30% des suffrages nationalement et s’est revendiqué « largement le premier parti de France », devançant la droite (près de 27%) et le PS (environ 23%), selon les dernières estimations.
Les listes FN arrivent en tête en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, Bourgogne-Franche-Comté ainsi que dans la région centre.
Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a annoncé un retrait des listes en NPDC-Picardie et en PACA, appelant à un « barrage républicain », synonyme de « sacrifice » pour les socialistes qui, pendant cinq ans, ne siégeront pas dans ces régions.
La liesse au QG de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont contrastait avec la déception voire la consternation chez ses adversaires des Républicains et surtout du PS, où l’on se désolait pour « cette belle région ouvrière qui mérite mieux que ça ».
Loin de la vague « bleue » un temps espérée, l’alliance Les Républicains-UDI-MoDem ressort en tête dans trois à quatre régions (Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Ile-de-France, la Normandie au coude-à-coude avec le FN). Quant au Parti socialiste, il se classe premier en Bretagne, malgré la campagne en pointillé de la tête de liste Jean-Yves Le Drian, assuré s’il s’impose de rester ministre de la Défense, ainsi qu’en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, derrière Alain Rousset.
Face à ce vote FN massif, interprété par les ténors LR comme la traduction d’une « colère » envers le gouvernement et d’une « peur », Nicolas Sarkozy s’est livré à un réquisitoire contre l’exécutif et a refusé « toute fusion et tout retrait » au profit de la gauche pour contrer l’extrême droite au second tour, dans les régions où la droite est troisième.
« Pas en position de fanfaronner »
Une stratégie aussitôt critiquée au PS, dont le numéro un a jugé l’ancien chef de l’État « pas en position de fanfaronner ». « Le message de la droite fait preuve d’une grande irresponsabilité », a-t-on aussi estimé dans l’entourage de Manuel Valls.
Dans deux régions où le score FN dépasse les 40%, les têtes de liste LR comme Xavier Bertrand (Nord-Pas-de-Calais-Picardie) et Christian Estrosi (PACA), qui avaient fait des campagnes très marquées à droite, ont, eux, fait des appels du pied aux électeurs de gauche.
Faisant entendre leur différence, les centristes, par la voix du président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde, ont appelé au « retrait des listes en troisième position », « partout où le FN peut gagner ». Le président du MoDem, François Bayrou, réclame aussi un tel « ressaisissement démocratique ».
Le spectaculaire sursaut de popularité de François Hollande au lendemain des attentats ne s’est pas traduit dans les urnes dimanche soir, même si certaines voix socialistes insistaient sur la « bonne résistance » de leur parti et espéraient notamment conserver la symbolique présidence de l’Ile-de-France, avec Claude Bartolone, grâce aux reports du reste de la gauche.
A la gauche du PS, les écologistes de toutes tendances se sont accordés pour demander « un rassemblement de la gauche et des écologistes ».
Mais certaines voix, comme l’ancienne ministre EELV Cécile Duflot, ont relevé qu’il y avait eu un « certain nombre d’avertissements » lors des derniers rendez-vous électoraux et que ce score FN, « c’est une punition ».
Ouvert par avance à des retraits ou fusions de liste avec la droite si nécessaire pour faire barrage au FN, le Premier ministre, qui s’exprime habituellement dans les premières minutes après 20H00, s’exprimera lundi, notamment en étant l’invité du JT de TF1 à 20h00, selon son entourage.
Sous la présidence du chef de l’opposition Nicolas Sarkozy, Les Républicains tiennent pour leur part un bureau politique exceptionnel lundi matin, qui pourrait être agité. Alain Juppé, qui s’y rendra finalement, a appelé à arrêter « une ligne de conduite commune » pour le second tour. Bruno Le Maire, autre futur candidat à la primaire en vue de 2017, a jugé que la droite devait « faire preuve d’une grande humilité » que la « reconquête sera longue et difficile ».
Près d’un électeur sur deux (49%) n’est pas allé voter, près de quatre points de moins qu’au premier tour des régionales de 2010 (53,6%) et pratiquement autant qu’au premier tour des départementales de mars.
Le vote se déroule pour la première fois dans le cadre des 13 grandes régions métropolitaines nées de la réforme territoriale et dans quatre régions et territoires d’outre-mer (Guadeloupe, La Réunion, Guyane, Martinique).
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