C’est une marée humaine de blouses blanches qui a inondé mercredi matin le parvis du Ministère de la Santé à Rabat. Ils étaient un peu plus de 10 000 manifestants, 20 000 selon les organisateurs, à s’être donné rendez-vous avant d’entamer une marche vers le Parlement.
Une « marche historique » aux slogans virulents repris en chœur par des milliers d’étudiants en provenance des cinq facultés de médecine du Maroc et organisée par la Commission nationale des médecins internes et résidents (CNMIR) et la Commission nationale des étudiants en médecine (CNEM). De nombreux médecins du secteur privé et public avaient également fait le déplacement pour l’occasion.
« Hey Louardi, dégage ! » « L’éducation nationale zéro ! », dans le viseur des manifestants, le ministre de la Santé El Houcine Louardi ainsi que le ministre de l’Enseignement supérieur, Lahcen Daoudi. Tous réclament le retrait du projet de service sanitaire obligatoire et l’amélioration de leurs conditions de travail.
Le bras de fer avec le ministère de la Santé dure maintenant depuis plusieurs mois. « C’est presque réglé », affirme pour sa part Larbi Aberouch, résident en réanimation et président de l’association des internes de Rabat. Pourtant officiellement, toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées par les pouvoirs publics.
Timeline : Chronologie du bras de fer sur le service médical obligatoire
Malgré le dernier communiqué publié conjointement par les deux ministères annonçant « la création d’une commission mixte de suivi avec les représentants des étudiants et des résidents », les futurs médecins campent sur leur position. « nous marchons pour insister sur nos doléances. On est ici aussi par solidarité avec les étudiants de médecine de la faculté de Rabat qui ont subit de la violence jeudi dernier », nous a déclaré Salma El Abed, membre du bureau des étudiants de Rabat ainsi que de la commission nationale des étudiants en médecine du Maroc.
Si l’intervention des forces de l’ordre au sein de la faculté de médecine de Rabat la semaine dernière reste dans tous les esprits, l’heure semble pourtant à l’apaisement. Présentes tout au long de l’itinéraire suivi par le cortège, les forces de l’ordre sont restées discrètes.
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« Ce n’est pas raisonnable que le ministre présente un projet unilatéral obligeant les médecins à travailler dans les zones enclavées et non-enclavées et ainsi fermer la porte de l’emploi dans les hôpitaux publics. Ce n’est pas raisonnable que le médecin marocain soit payé 3500 dirhams par mois. Ce n’est pas raisonnable que le médecin Marocain ne soit pas rémunéré pour ses gardes depuis 2007 »,énumère pour sa part Oussama El Adaoui, président de l’Association des médecins internes du CHU Ibn Rochd.
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Le gouvernement a tenté de tempérer en annonçant une batterie de décisions, via un communiqué : l’augmentation des indemnités des étudiants, la suspension du projet de service sanitaire obligatoire dans l’attente d’un accord définitif avec les étudiants, voir d’une solution alternative. Malgré cela, la confiance semble rompue du côté des manifestants.
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Les blouses blanches, qui dénoncent un « dialogue stérile » depuis le début de la crise, réclament désormais un engagement écrit sur tous les points. Parmi les idées avancées par les étudiants en médecine : la revalorisation des médecins du secteur publique, la fin du système de quota, la transparence des mutations, la possibilité pour les médecins du secteur public de démissionner à la fin de leur période contractuelle ou encore l’idée de régionalisation avec l’intervention des régions dans l’affectation des médecins dans les zones enclavées.
Les blouses blanches signent ainsi une démonstration de force et semblent plus que jamais déterminées à poursuivre leur mouvement de protestation.
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