Des écoles sous partenariats public-privé dès la rentrée prochaine

Le ministère de l’Education nationale veut mettre des écoles vides à disposition d’opérateurs privés pour qu’ils y assurent l’enseignement.

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Crédit : Yassine Toumi.

L’idée n’est pas nouvelle mais le ministère de l’Education nationale confirme et signe. Dans un communiqué, l’administration de Rachid Belmokhtar annonce qu’elle est en train de plancher sur la mise en place de partenariats public-privé (PPP) dans l’enseignement. Le principe : mettre en place un réseau d’écoles privées partenaires auxquelles l’Etat mettrait à disposition des locaux publics: écoles vides ou inutilisées. Leur nombre et le niveau concerné (école maternelle ou primaire) n’a pas été précisé.

Pour le moment, le ministère est en encore en train de concevoir le projet. « Cette année, on met en place le cadrage juridique et on lancera les appels à manifestation d’intérêts », nous précise la communication du ministère, en ajoutant que ces premières « écoles associées » ouvriront à la rentrée prochaine.

Un projet décrié

Les PPP sont déjà utilisés dans d’autres secteurs, pour la réalisation et la gestion d’infrastructures notamment. Mais recourir à ce montage pour les écoles serait une première, bien que déjà initié pour l’enseignement supérieur avec l’Université internationale de Rabat. L’idée est très critiquée puisque perçue comme une incitation supplémentaire à l’enseignement privé, source d’inégalités d’accès à l’éducation. En 2014, les Nations unies ont déjà alerté les pouvoirs publics sur le poids jugé inquiétant de l’enseignement privé dans le pays.

Au même moment, un collectif d’ONG internationales s’alarmait« L’exemple du Maroc montre également que les investissements privés dans l’éducation n’aboutissent pas à un investissement dans la qualité. Après près de 15 ans d’accroissement rapide des investissements dans le système éducatif du pays, les écoles privées ont failli à former des enseignants, et se reposent principalement sur les enseignant(e)s du secteur public, contribuant ainsi à son effritement ». Au niveau national, le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) dans son rapport 2015, a lui aussi défendu la gratuité en estimant qu’ « il est inconcevable de priver un citoyen d’enseignement pour des raisons matérielles ».

Le gouvernement mise sur le privé

Mais le gouvernement actuel semble plutôt suivre un autre paradigme et écouter les recommandations de la Banque africaine de développement, qui perçoit le recours au secteur privé comme une bonne solution pour combler les carences budgétaires de certains Etats en matière d’éducation. D’ailleurs, lors du cinquantenaire de la banque en octobre 2014, Abdelillah Benkirane avait déclaré que « le rôle de l’Etat doit se limiter à assister les opérateurs privés qui veulent s’engager dans ces secteurs [santé et enseignement, ndlr] ».

Qu’est-ce qu’un partenariat public-privé ?

Les partenariats public-privé sont des contrats publics par lesquels l’Etat confie à un opérateur privé une mission globale. En d’autres termes, l’opérateur privé prend en charge la conception, la réalisation, l’exploitation et la maintenance d’un équipement nécessaire au service public, mais également son financement.

Ce type de contrat permet généralement de financer des investissements lourds, tels des aéroports, des lignes de chemin de fer à grande vitesse, ou encore des infrastructures énergétiques, sans pour autant engager les finances de l’Etat dans l’immédiat.

C’est un type de contrat dont la pratique est courante depuis plusieurs années, au point qu’il existe une cellule dédiée à leur conception au sein de la Direction des entreprises publiques et de la privatisation.

Spécificité, ces contrats courent sur une très longue période de temps, afin que l’opérateur privé puisse rentabiliser ses investissements. La rémunération est versée par l’Etat sous forme de loyers, sur toute la durée du contrat.[/encadre]

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